mardi 23 août 2016

Sainte-Marie pour finir...

Beaucoup de retard pour ce billet relatant nos dernières semaines à Mada, et sans doute le dernier du blog aussi. Les semaines ont été chargées, tant en activités qu’émotionnellement : entre les caisses à faire, clore les activités et passer la main dans mes deux associations, nous n’avons pas arrêté de nous dire « au-revoir », pourquoi est-ce si difficile !
Beaucoup de photos cette fois, car ici, de retour en France, la connexion est excellente et les photos chargent en un éclair !
Reprenons la chronologie…

Le 13 juin, le déménagement part, la maison reste presque vide, juste avec les meubles que nous vendons sur place et conservons jusqu’au dernier moment. Il y fait encore plus frais !
Avec nos autres amis sur le départ, nous organisons une soirée « officielle » de départ au Club du CAR, avec match de volley en nocturne et danse bien-sûr.

Pour ces dernières vacances à Mada, nous voulions être sûrs de partir et de revenir à temps, là aussi les jours étaient comptés. Nous volons donc à une heure très matinale sur la nouvelle compagnie d’aviation Madagasikara Airways, et nous avons bien fait ! Le vol d’Air Madagascar avait 30mn de décalage avec le nôtre sur le papier, mais est en fait arrivé en milieu d’après-midi.
L’aéroport de Sainte-Marie est tout beau, presque tout neuf, on se sent d’ailleurs ailleurs qu’à Mada. A l’arrivée, impossible de loger nos 4 personnes et 4 valises dans un seul tuk-tuk, les enfants sont ravis d’être dans un seul à eux deux.

Il faut avouer que nous avions pris beaucoup d’affaires : toutes celles de plage, avec masques et tout, les gilets de sauvetage des enfants, un peu d’affaires de sport, vêtements d’été et aussi vêtements chauds et de pluie ajoutés en dernière minute sur les conseils d’une bonne âme. Persuadée que sur la côte il faisait beaucoup plus chaud qu’à Tana, je partais avec les affaires d’été seulement ! Heureusement que non car nous n’avons pas eu si chaud que cela, y compris en journée. C’est aussi l’hiver sur la côte, et nous nous sommes sans doute « tropicalisés », sans compter que je reste toujours frileuse…
Nous nous installons chez Pierrot, bungalow avec étage au bord de l’eau, la barrière de corail est à 100 mètres à peine. 
Difficile de marcher jusque là néanmoins, c’est bourré d’oursins bien vivants ! Le propriétaire nous prête son canoë, les enfants le stabilisent et je réussis à attraper une énorme étoile de mer, on dirait une grosse éponge vue du dessus, on peut donc les repérer de loin.
Ce ne sont pas des nuages derrière, mais bien les côtes de Madagascar !
C'est une étoile de mer coussin. La photo n'est pas de moi mais vient de cet autre blog http://plongee-mayotte.over-blog.com, même océan.
Nous flânons à notre hôtel ce premier jour, fatigués.


Le lendemain nous explorons le fameux cimetière des pirates en compagnie d’un guide de l'Eden Lodge (excellent) car la zone est protégée désormais, contre les pilleurs notamment, et aussi parce que le terrain s’écroule partiellement. Le cimetière est sur un promontoire qui domine l’entrée de la baie où se cachaient les navires pirates, cachés derrière l’ilot Madame et l’île aux Forbans. La baie a depuis été fermée par une digue avec pont pour faire place à une route bien pratique.





Pittoresque cette croix sur un boulet de canon !
Le cimetière n’est pas vraiment entretenu et a connu bien des outrages en plus du temps, les tombes tombent quelquefois, la plupart sont en corail et s’érodent. Le guide nous lit les inscriptions, difficile de les relire maintenant…
Le petit musée qui vient juste d'ouvrir (dans l'ancienne résidence du gouverneur elle-même ancien palais de la reine Betty) et que nous avons visité un autre jour, offre de bonnes explications sur la piraterie à Saine-Marie et Madagascar en général. A ne pas manquer, d'autant que son aménagement n'est pas encore achevé.
Nous traversons la baie en barque pour rejoindre les vestiges de l’ancien fort de la Compagnie des Indes orientales, utilisé comme bagne ensuite, dont il ne reste presque rien, un bout de quai, un bassin à poisson (à défaut de frigo)


Joli point de vue sur ladite route, avec l’ilot Madame sur la droite (qui n’est donc plus un ilot).

Nous rejoignons l’église qui serait la plus vieille église catholique de Madagascar, toujours en activité même si très délabrée, surtout l’intérieur.

Sans le vouloir nous arrivons juste pour l’ouverture du 2è Festival des baleines. L’année dernière Julien Lepers, qui devait en animer une partie, n’avait jamais pu venir à cause de la grève d’Air Madagascar (il n’y avait pas encore l’autre compagnie, et c’était un peu trop épique – et long - en bâteau) : on nous assure qu’il est bien là cette année, mais nous ne cherchons pas à confirmer.
Nous assistons au défilé inaugural de chars réalisés avec des produits naturels ou recyclés par chaque village de l’île, soit une vingtaine en tout. C’est très coloré et gai malgré la pluie intermittente.











Les femmes à l'avant marchent sur des 1/2 noix de coco aux pieds, cela fait de la musique !



La pluie revient !
Le soir nous nous rendons aux Villas de Vohilava dont le propriétaire est le président de l’association CétaMada, association malgache d’observation et de protection des baleines à bosses et mammifères marins autour de Mada, pour une conférence sur ces animaux fascinants, en introduction à la balade en bateau que nous ferons avec eux quelques jours plus tard, réalisée par 2 jeunes nouveaux éco-volontaires en formation. J’ai une pensée toute particulière pour eux et l’association à l’heure où j’écris ces lignes, car deux d’entre eux ont été retrouvés morts sur la plage toute proche, assassinés à coup de gourdin sur le crâne, alors que Sainte-Marie est bien connue pour sa tranquillité normalement (elle fait plutôt figure d’exception à Mada), quelle tristesse…
Espérons que l’enquête pourra réellement aboutir.
Cela va sans doute porter un nouveau coup au tourisme déjà en difficulté dans la grande île…

Cette association est à l’origine d’un code de bonne conduite pour l’observation des baleines, qui est devenu en 2000 un arrêté ministériel : des règles simples du type respecter telle distance selon le nombre d’individus, s’il y a un baleineau ou non, ne jamais être face à l’animal (ses yeux sont de côté)… Elle est aussi je crois à l’origine de ce nouveau festival, organise donc des safaris baleines pour les observer. Les touristes partent d’ailleurs de plus en plus avec eux et moins avec d’autres prestataires, qui grincent sans doute un peu des dents du coup.
Leur travail de collecte d’informations est colossal, et comprend aussi un volet pédagogique au sein des écoles locales. Le siège est à Sainte-Marie, mais il y a 8 antennes sur les côtes de Mada, dont Diego, Majunga et Fort Dauphin. 
Pas de chance, le jour où nous faisons l’excursion avec eux (3 bonnes heures), le temps est très maussade et nous essuyons plusieurs grains. Nous avions pu acheter 3 bons coupe-vent à l'effigie de l'association qui nous protègent plus ou moins bien de l’eau (reçue aussi bien des airs que des vagues), mais il n’y avait plus la taille pour Ottavio, qui, en plus d’être malade malgré la nautamine, s’est très vite trouvé trempé de la tête aux pieds, à grelotter…
Nous finissons par tomber par surprise sur un premier groupe, très proche, nous éloignons puis, le temps d’observation étant écoulé, nous en cherchons un autre. Je n’ai pu réaliser que quelques clichés, préférant ranger l’appareil pour éviter qu’il ne soit trop endommagé.




Les baleines à bosse viennent depuis les eaux froides du sud où elles se nourrissent de krill aux eaux chaudes de Madagascar pour se reproduire et mettre bas. Elles jeunent durant ces 3-4 mois de migration. En juin-juillet, il n’y a quasiment pas de baleineaux, c’est plus en août-septembre : la gestation dure 11 à 12 mois, ce sont soit donc des individus qui reviennent mettre bas ici, soit qui viennent s’accoupler (et faire des sauts de parades entre autres). Le chenal entre Madagascar et Sainte-Marie étant étroit, l’observation est donc plus « facile », il arrive même aux gens d’apercevoir des souffles ou des sauts depuis les plages de l’île (ce ne fut pas notre cas). Les eaux sont calmes, peu profondes (35-40m), il y a peu de navigation : les groupes de baleines peuvent y rester un certain temps, l’endroit est idéal pour les premières semaines de vie des petits.
On se sent bien petits et humbles par rapport à ces mastodontes (15m de long environ, près de 40 tonnes pour les plus grosses…) dont les scientifiques ne connaissent pas encore tous les mystères.

A chaque départ en bateau nous passons près des pêcheurs à pied dans le lagon nourricier.





Nous profitons aussi de notre séjour pour réaliser un baptême de plongée sous-marine (excepté Florent ;) en toute confiance avec les équipes du Bora Dive, dans l’enceinte du Princesse Bora Lodge. Ottavio est déçu de ne pas pouvoir aller aussi en mer après l’initiation en piscine, où il s’est pourtant bien débrouillé : l’embout pour l’arrivée d’air dans la bouche est encore trop gros pour lui, il a du mal à le maintenir, ce qui peut-être gênant en mer… Je me suis demandée si je n’allais pas renoncer tant je ne me sentais pas du tout à l’aise en piscine, mais une fois dans la mer toute crainte s’est envolée, même si Achille se moque bien de moi car j’ai du mal à descendre vraiment (on m’a ajouté des poids mais pas à lui alors qu’il est plus léger que moi (pour le moment), et pourtant le matériel est très lourd !





Il y a du vent ce jour-là et l’eau est assez trouble, plus qu’à Nosy Tanikely en snorkling 2 mois auparavant, mais nous croisons tout de même de beaux spécimens de poissons et le paysage sous-marin est magnifique à seulement 6 mètres de profondeur. Achille est prêt à descendre plus la prochaine fois, à suivre…
Puisque nous sommes là, nous en profitons aussi pour nous accorder un massage dans le spa de l’hôtel, le plus magnifique jamais vu, et dînons sur place.
La clientèle est clairement anglo-saxonne, plus aisée, les serveurs nous abordent directement en anglais… Le service est impeccable, et les pizzas excellentes, sans doute les meilleures mangées en 3 ans de Mada !
Classe les serviettes pliées en queue de baleine, dans le thème !

La journée dévolue à l’île aux Nattes (le point au sud du point d’exclamation que représente Sainte-Marie) est heureusement très belle, pas de pluie, juste un vent frais qui n’empêche pas les enfants de se baigner néanmoins. 
Nous sommes contents d’être avec le bateau à moteur de notre hôtel car la passe est étroite et les piroguiers ont quelquefois du mal à la traverser, ils doivent faire du sur place voire se laisser entraîner pour reprendre de plus belle ! Bon, la panne de moteur du soir n’était pas prévue, mais cela a pigmenté et prolongé la journée !
Marée basse à notre arrivée 

Le courant est puissant, entre deux passes, l'une vers l'océan et l'autre vers le chenal.
Les très bons nageurs la traversent à marée basse
Pas de route, pas de voitures sur cette île, juste des piétons, quelques vélos et maintenant des scooters pour la frime (trop difficile d’y rouler !).
Arrivée d'un scooter
Pendant la baignade des enfants (notre hôte est venu avec ses 2 filles qui ont sympathisé avec nos 2 gars) sous la surveillance du second, nous marchons vers l’intérieur et découvrons le point de vue  à 360° offert sur la terrasse principale des chambres d’hôte de la Maison Blanche
L'ile principale de Sainte-Marie

Le phare




Je mets la photo du panneau avec le contact car je ne l’ai vu dans aucun de mes guides, alors que les prix sont corrects et les chambres très belles. A refaire, nous y resterions bien un peu…

L'école principale donne envie, très proprette
Beau ponton flottant, pas sûr que ce soit avec des bidons récupérés
Le coq chantait bien fort !
Notre hôte nous recommande une gargotte devant laquelle nous serions sans doute passés, où nous nous régalons. Les enfants s’incrustent en cuisine où rode un chaton…

Marée haute pour repartir, qui donne l'impression de projeter le bateau contre les arbres sans le moteur.  Heureusement que ce n'est pas loin, un moteur de secours est apporté en pirogue !


Notre dernier jour est consacré à une sortie en quad au nord de l’île. Pas très écolo certes, mais cela restera une expérience forte, les enfants s’en souviendront !
Nous quittons vite l’asphalte pour les chemins de terre boueux où le quad se révèle plus qu’utile, pour rejoindre au bout d’une heure la côte est (côté océan) que l’on surplombe dans un premier temps.
Première pause en surplomb de l'océan


Plusieurs arrêts, dont un autour de producteurs de vanille : celle à maturité est en train de sécher, et d’autres sont encore sur pied, c’est la première fois que j’en vois une plantation.




Lorsque nous rejoignons la plage, le guide propose aux enfants de prendre le volant/guidon ! Ils sont plus que ravis de conduire leurs parents sur 30km de plage déserte comme jamais, nous n’avons croisé personne et n'avons vu qu'une seule pirogue de pêcheur. Par contre, il y a de nombreux débris plastiques rejetés par la mer...




Nous reprenons un bout de route pour trouver les piscines naturelles du nord-est où nous déjeunons.
La côte est vraiment déchiquetée, les vagues très tumultueuses, on imagine sans peine les navires s’échouer en d’autres temps, surtout la nuit.
Une grosse barrière rocheuse casse les lames et aménage comme des piscines calmes qui se remplissent et se vident au gré des vagues, alors qu’à 100 mètres c’est la noyade assurée.
Piscine "nanaturelle" ;)









Une troisième panne nous oblige à abandonner un quad, le guide passe derrière celui du jeune homme qui faisait l’excursion avec nous ce jour-là. La nuit tombant, nous faisons une halte très rapide au bien nommé Paradis d’Ampanihy (photo de la baie).
Sieste pendant la 2è réparation.
qui attire beaucoup de monde !

Mais il est dit que nous arriverons sous la nuit noire, nous sommes arrêtés par les policiers qui contrôlent nos papiers (nous avions pensé à les prendre) et s’attardent sur le fait que le guide n’a pas les papiers des véhicules, alors que c’est une des agences bien connues de l’île… Du coup nous roulons une bonne heure en ne voyant pas plus loin que 2 mètres devant soi. Heureusement que l’état de la route principale est à peu près correct. Elle a été refaite il y a peu et s’est relativement bien conservée (il y a quelques trous mais pas trop).

Le lendemain matin, nous sommes fourbus de courbatures aux bras et aux épaules, d’autant que le réveil est très matinal pour prendre l’avion du retour à Tana.
Un tuk-tuk vient nous saluer, juste avant le décollage en survolant l’île aux Nattes.


Nous sommes, après tant d'autres, sous le charme de Sainte-Marie et ravis de finir sur cette note ultra positive. D'où notre tristesse face aux tout récent drame qui la touche...

Mais à 7h30, les hôtesses proposent diverses boissons : je ne résiste pas au petit verre de vin blanc car il est de Fianarantsoa, je n’en avais pas encore goûté, santé !


Le soir-même nous retrouvons nos amis qui, pour certains, ne sont pas encore partis ou vont définitivement partir aussi, pour une ultime et mémorable soirée au Mokafé (qui s’apprêtait à fermer ses portes) ! Dernier barbecue le lendemain, 8 valises à remplir dans la soirée et hop, le vol d’1h40 (quand il est à l’heure) nous ramène au pays qu’il va nous falloir apprivoiser de nouveau.

Aujourd’hui 23 août, les vacances sont finies, nos enfants redécouvrent l’appartement parisien. 
Une nouvelle page va s’écrire, mais sans blog, en tout cas plus familial. Peut-être vais-je le prolonger un peu sous une autre forme, on n'oublie pas Madagascar comme cela...
Dans tous les cas, vive le téléphone, courriel/r, Facebook, Skype, Viber, Messenger, WhatsApp ou tout ce que vous aurez adopté d’autre, pour maintenir le lien !

A bientôt ?