vendredi 30 octobre 2015

Foulpointe et Mahambo

Aucune publication depuis le 14 juin, il est grand temps de donner quelques nouvelles !

La rentrée s’est bien passée, moins « stressante » que l’année dernière : l’appréhension du collège et du bus est derrière Achille en 5è ; en CE1 Ottavio commence aussi à mieux comprendre ce que l’on attend de lui… Les activités de chacun et de la famille occupent pas mal et je suis déjà souvent sur l’ordinateur pour les miennes…
Comme chaque septembre-octobre, les coupures d’électricité et d’eau sont incessantes, et nous connaissons aussi une coupure d’internet de dix jours suite au vol des câbles dans le quartier, suivie de connexions très irrégulières…
Il me faut aussi préciser que nous savons désormais que ce sera notre 3è et dernière année à Madagascar, nous en profitons donc pleinement ! Sans savoir encore si ce sera Paris ou ailleurs bien-sûr, ce serait trop simple.
La nécessaire routine de rentrée <lever aux aurores-coucher avec les poules> a juste été cassée le temps d’un w-e à Mantasoa : les maris nous ont rejoint après 45km en VTT en passant par les rizières et les pistes. Impossible de les récupérer éventuellement en voiture car ils étaient tout le temps éloignés de la route : fort heureusement aucun blessé n’était à déplorer. Traditionnelle fondue suisse le soir : exténué, Achille est allé commencer sa nuit dans la voiture à 21h en attendant que nous finissions !

C’est donc avec les vacances de la Toussaint que nous avons repris notre découverte du pays.
Cette fois, nous avons décidé de pousser plus loin sur la RN2, celle qui mène justement à Mantasoa puis Andasibe. On poursuit cette route très sinueuse (il faut descendre en 350 km de 1400m à la mer) jusqu’à Brickaville : au sud c’est direction Manambato, entre autres, où nous étions déjà allés en juin 2014 ; et au nord c’est direction Tamatave et pour nous Foulpointe et Mahambo, nos points de chute.
Logiquement nous croisons toujours beaucoup de camion dans les deux sens jusqu’au principal port de Madagascar, Tamatave : c’est toujours périlleux de les doubler. Certains sont arrêtés en pause, d’autres en panne, d’autres carrément accidentés et doivent être contournés.

Quelques branchages avant/après le camion indiquent aux automobilistes de faire attention, il y a rarement des personnes pour faire la circulation. 
En quelques heures on ne croise pas moins d’une vingtaine de camions citernes avec de l’essence, si essentielle au pays (pour les voitures certes, mais beaucoup aussi pour les groupes électrogènes qui pallient aux nombreuses coupures d’électricité de la Jirama).
Nous passons une nuit à Tamatave, déçu effectivement par l’hôtel Joffre du centre-ville : il n’y avait plus de place à l’Océan 501 suite à une réunion/we de Francs-maçons ! Sans doute faudrait-il s’attarder un peu, prendre le temps, y connaître quelqu’un, mais là franchement, on préfère tracer, de toute façon la baignade n’y est pas possible.
Nous pensons pouvoir prendre une petite route qui longe l’océan pour sortir de la ville et rejoindre la principale ensuite qui est plus éloignée, mais en fait cela ne mène nulle part, google map l’indique mais le « chemin » n’a plus d’issue. Cela nous permet tout de même d’avoir une vue d’ensemble des infrastructures portuaires.

Foulpointe ou Mahavelona se situe à environ 60km de Tamatave, la bourgade est le long de la route sur l’arrière et c’est donc « la » station balnéaire la plus proche de la capitale (410km les séparent). Les restaurants-hôtels sont en bord de mer, à l’avant donc. Nous stoppons 2 nuits au Manda Beach, posé directement sur le lagon.
Magnifique vue depuis notre bungalow, les enfants ne savent plus où donner de la tête entre le lagon et la piscine, pas de problème pour s’endormir le soir !


Nous ne manquons pas la visite du Manda Fort, l’un des rares vestiges historiques malgaches. Son nom est un beau pléonasme puisque manda veut déjà dire fort !


Fidèle, le guide, se présente comme le descendant de la 7è génération du Commandant du fort et d’une esclave djiboutienne s’étant enfuie à la nage d’un bateau négrier proche de la pointe. Il rend la visite vivante et captivante, car au fond il ne reste pas grand chose de cet édifice militaire circulaire (70m de diamètre pour 6m de hauteur) pourtant assez « jeune », construit vers 1820 par Radama Ier, le roi de l’unification. Fidèle explique que le fort a été construit avec l’aide des anglais, qui ont ainsi fourni 27 canons placés en hauteur pour lutter soi-disant contre l’esclavage (les anglais ont abandonné la traite dès 1807). Mais Foulpointe était aussi un ex-comptoir de la Compagnie française des Indes orientales, représentait donc une bonne position pour le commerce et la domination des mers qui faisait rage à l’époque entre français et anglais, et les flibustiers/pirates s’emparaient souvent dans ce coin des différents navires et de leurs cargaisons (la belle île de Sainte-Marie presqu’en face, où nous aimerions nous rendre en juillet, est d’ailleurs bien connue pour cela).
Le fort à l’époque était d’ailleurs beaucoup plus près de la mer qu’aujourd’hui, la terre a beaucoup gagné de terrain en 200 ans, avec tous les cyclones que la région subit.
Ce fort aurait été le point central d’un dispositif stratégique composé de 5 citadelles sur la côte est pour défendre la côte contre les invasions étrangères.
Il pouvait contenir jusqu’à 700 personnes nous dit-on. Il reste 3 bâtiments en son centre : le palais du roi, les cuisines et la prison. Il semblerait qu’il y ait eu quelques prisonniers français et néerlandais, mais c’est de l’histoire orale ! Quant au palais, le roi n’y serait que peu venu, et le mettre dans le fort était une bonne idée car sa majesté n’était pas forcément la bienvenue pour les populations car il représentait l’ethnie merina, pas toujours appréciée… J’ai pour ma part lu qu’il s’agissait d’une caserne, d’un arsenal et de la maison des officiers (effectivement, la cuisine se fait plutôt en plein air ici).
A l’intérieur dudit palais, Fidèle trace à la craie une carte de Madagascar au sol et explique le nom de Foulpointe comme un souvenir laissé par le nom du bateau anglais de 1795 « Hopefull », mouillé à la pointe…

La structure s’effrite quelque peu mais résiste finalement assez bien : les pierres sont jointes par un ciment fait de poudre de corail et de coquillage, de sable et de blanc d’œufs.
Fidèle nous a indiqué qu’il existerait un passage souterrain (bloqué depuis car on pouvait seulement y ramper) permettant de fuir le fort : les français l’aurait d’ailleurs trouvé vide en 1829, mais j’ai lu ailleurs qu’ils avaient plutôt été refoulés de Foulpointe.
Pour les repas nous rayonnons autour de l’hôtel : à refaire nous logerions au « Lagon » où la cuisine est excellente, le service adorable, et l’espace jusqu’à la plage idyllique avec ses deux petits étangs et passerelles juste avant (prévoir beaucoup de produits anti-moustique sans doute), et le « Gentil pêcheur » est l’un de nos préférés également.
Nous regrettons cependant le fait de se sentir « harcelés » dès que l’on met un pied sur la plage, mais je crois que c’est le lieu qui veut cela : on nous propose toutes les 2 mn massage, coquillage à manger, ballade en pirogue, collier à vendre… pas moyen de piquer un somme !
Le matin de notre départ, nous finissons par faire la ballade en pirogue dans « l’aquarium naturel » malgré la météo restée incertaine tous ces jours, entre deux éclaircies : nous ne le regrettons pas.
Petits et grands sont émerveillés par ce que les piroguiers ramassent en se baissant juste dans les 40cm de profondeur du lagon : énorme ou minuscule étoile de mer, étoile de mer dragon, cygne de mer, oursins…





Nous rejoignons Mahambo en fin de matinée, et logerons à la Pirogue pour 4 nuits : un seul mot, paradisiaque. L’offre d’hébergement de l’hôtel part du plus simple, très abordable, au plus luxueux. Etant 5 (nous avons emmené un ami d’Achille), il nous faut un grand bungalow et on nous a attribué le plus luxueux, que nous devons néanmoins laisser pour la dernière nuit en vue de sa préparation pour un mariage. Du reste le 2è bungalow nous aurait finalement mieux convenu, séparant mieux le coin nuit (tout à l’étage) du coin jour en bas (alors que des lits étaient également en bas pour le 1er).
Notre bungalow principal, relooké pour les mariés

Jolie allée pour aller se baigner !

Notre bungalow d'une nuit
Les lémuriens vary s'invitent régulièrement au restaurant de l'hôtel et sur les bungalows, ils ne sont que 2 mais font un bruit effrayant lorsqu'ils se disputent.

Le lagon juste en face est une piscine où l’on a toujours pied, il suffit de mettre des lunettes de piscine et l’on aperçoit déjà de jolis poissons. Les enfants se régalent avec leurs nouveaux masques « Easybreath » de Décathlon, vraiment pratiques pour ceux qui ont du mal avec le tuba : 
Sans vouloir faire de la pub, ce masque est top !
ils tournent pendant 2h autour d’un rocher et tout d’un coup poussent de grands cris : « une murène, il y a une murène » ! Dubitative, je vais voir et constate effarée que c’en est bien une, noire et blanche, à 3m du bord, dans 50cm d’eau : elle reste la gueule grande ouverte un long moment, puis la referme et disparaît dans son trou. Pas de photo sous-marine forcément, mais en voici une approchante trouvée sur le net. 
http://medecinetropicale.free.fr/murene.html






Ce que j’ai lu ensuite sur les murènes m’a glacé le sang (elle n’aime pas être dérangée, on la comprend, et ne lâche pas sa proie quand elle mord, on peut finir noyé !). 
A l’avenir, on tourne un peu moins autour ce rocher…

Pour ne pas se lasser du restaurant de l’hôtel et découvrir d’autres coins nous cherchons d’autres lieux où manger : nous retournons plusieurs fois au Zanatany, deux fois au Récif, allons à l’Hibiscus. Poissons, crevettes et langoustes sont les plats de résistance adulte, mais pas ceux des enfants, un peu moins « mer », ils le regretteront sans doute plus tard !
Notre deuxième jour à Mahambo est franchement gris voire pluvieux, c’est la plus mauvaise journée du séjour. On lit, les enfants jouent aussi à la tablette… Heureusement le lendemain la météo s’améliore même si cela ne paraît pas gagné tôt le matin, si bien que nous sommes partis rejoindre le groupe de surf sans crème solaire, pas bon ça… Le prof de capoeira des enfants nous avait indiqué encadrer un camp de surf pour ados dans le coin. Nous réservons 2 planches pour nos grands, et un bodyboard le 2è jour pour Ottavio. La plage avec de belles vagues, car non protégée par la barrière de corail (à priori jamais de requins nous dit-on, c’est vrai qu’il n’y a aucune activité ou résidus susceptibles de les attirer là, mais nous ne sommes pas tranquilles à 100%) est à 20-30mn de marche sur le sable, le long du littoral. Après 2-3h à lutter contre les vagues et les forts courants (j’ai presque eu du mal à revenir à juste 30m du bord à la nage seule, la planche était indispensable pour nos enfants, pas seulement pour surfer mais pour s’y reposer !), nos enfants sont morts et ont super faim ! Mais il faut tout de même attendre plus d’une heure pour être servis, où que l’on soit (c’est un gage de fraîcheur en même temps) !


L’après-midi se passe ensuite en barbotage dans le lagon ou en construction de châteaux de sable forcément.



Depuis le balcon, un soir sous la pluie et le soleil
Depuis janvier 2015, un nouveau bateau au départ de la plage de l'hôtel (le lagon s'arrête juste sur la gauche de cette plage, autorisant un mouillage sécurisé), El Condor , assure quotidiennement la liaison Mahambo/Sainte-Marie (034.70.433.01 pour ceux que cela intéresserait). Nous l’ignorions et ne nous serions peut-être pas autant arrêtés en route, mais pas de regrets, il est vrai que nous préférerions aller à Sainte-Marie en juillet, au moment du passage des baleines.
Samedi matin nous quittons Mahambo à 7h, et arrivons à Tana chez nos amis à 19h, avec une première pause petit-déjeuner à Tamatave et une autre pour déjeuner à Andasibe. Le retour est un peu long, cette route toujours aussi sinueuse n’en finit pas !
Les désolants feux de brousse sont plus nombreux qu’à l’aller, nous constatons que Tana est très enfumée, ce sera encore pire le lendemain.


Il est 15h30 et le soleil n'est presque plus visible par les fumées

















Fin d'après-midi enfumé et sans soleil le dimanche 25/10

La deuxième semaine des vacances se passe sous un temps gris et assez frais pour la saison, entre devoirs, coiffeur pour les garçons, médecin pour Otta et moi, cheval pour Ottavio, et les copains des enfants bien-sûr ;)

A la prochaine pour d’autres news !