mercredi 22 janvier 2014

Up & down

Hery Rajaonarimampianina (bon courage à tous les diplomates pour le prononcer correctement !) a donc remporté la présidentielle, et ce malgré les contestations du candidat malchanceux, Robinson, qui continue ses poursuites depuis l’international tout en modérant ses troupes ici. La communauté internationale invalide cette victoire, plusieurs personnalités sont annoncés pour la cérémonie d’investiture de ce samedi 25 janvier au stade Mahamasina de Tana (nous éviterons donc le centre ce w-e, même si tout paraît calme), dont notre Ministre déléguée chargée de la francophonie, Yamina Benguigui : en fait tout le monde est très pressé que les choses rentrent dans l’ordre, que les investissements étrangers et les aides reviennent et que tous puissent se remettre au travail, quel que soit le Président (la passation entre les deux Président doit avoir lieu la veille). 
Et comme on les comprend (rappelons que 92% de la population vit avec moins de 2 dollars par jour)!
La tâche est immense pour le nouveau Président, ex-Ministre des finances durant la transition. Déjà, premier écueil, se démarquer de son mentor Rajoelina, Président de la transition qui l’a soutenu et dont les hommes pourraient sortir majoritaires des urnes au Parlement : est-ce que ce sera Rajoelina lui-même qui sera Premier Ministre, soit un scénario à la Poutine/Medvedev comme je l’ai lu ?
On en saura plus dans peu de jours maintenant.
Relancer l’économie pourrait commencer en relançant les infrastructures : routes, eau, électricité. Tout cela est certes régulièrement endommagé par les cyclones et les pluies, mais en fait rien n’a vraiment été fait durant ces 4 dernières années alors que l’état des réseaux n’était déjà pas forcément très brillant…
Rien qu’au niveau du ramassage des ordures, c’est assez terrible, voyez avec cet article (et ce n’est pas le premier que je lis ces derniers mois sur ce sujet) comme je ne suis pas la seule à trouver cela choquant. J’ajoute quelques photos très proches de la maison en illustration…
La maison derrière c'est le Fokontany, l'autorité du quartier, dont j'ai parlé dans les premiers post

 Il faudrait aussi songer sérieusement à protéger l’environnement de cette île, la biodiversité exceptionnelle ne sera bientôt plus qu’un souvenir si rien n’est fait en ce sens.
Mais il faudrait aussi assainir des secteurs clés tels que la justice, la police, qui tolèrent voire contrôlent peut-être des trafics en tous genres, enfin de ce qui se dit.
L’exemple venant d’en haut, il faudra beaucoup de courage au nouveau Président tant les chantiers à mettre en œuvre sont immenses (cf aujourd'hui l’opinion d’André Rasolo, ancien diplomate si j’ai bien compris).
Le peuple souffre, c’est visible tous les jours, à tous les coins de rue. On sent bien que les gens ne s’attendent pas un miracle, mais ils le mériteraient bien !

Aujourd’hui je suis passée sans le vouloir pile au moment de l’inauguration du nouvel hôpital sur la route de la digue, à Andohatapenaka, dont la livraison avait été annoncée pour septembre 2011. C’est Rajoelina lui-même qui l’inaugure, sans doute l’aboutissement d’un de ses projets et l’une de ses dernières apparitions en tant que Président par ailleurs. Son nom n'est pas encore dévoilé, gardera-t-il seulement le nom du quartier ou prendra-t-il celui du Président de la Transition ?
Joli avec ces noeuds non, comme un dernier cadeau ?
C’est aussi la première fois aussi que je vois ce que je suppose être la garde républicaine malgache :


Sinon hélas aucune nouvelle de notre chat, j’abandonne : les avis de recherche promettant une récompense posés vendredi après-midi avaient été arrachés samedi à 10h, mes recherches dans la rizière en-dessous n’ont rien donné, cela m’a juste permis de mieux connaître notre environnement immédiat… 
La maison au toit orange est celle en-dessous de chez nous, vue de dessous donc
Les cultures constatées dans cette zone ainsi que tout le long de la route de la digue en direction de la ville me donnent un sujet pour un prochain post, l’agriculture péri-urbaine.

Bon, voici en définitive un post bien sombre quand je me relis, cela correspond bien à mon humeur de ce début d’année, up & down ! Ca ira mieux la prochaine fois !


mercredi 15 janvier 2014

Atelier Raphia

Reprenons donc à notre arrivée à l’atelier Marie Rabane MIS (Madagascar Industrie Service), pendant que les souvenirs sont encore frais d'hier !
Nous avons pu bénéficier de la visite complète de l’atelier car Michel, le compagnon de Marie, est une bonne connaissance de Céline, qui nous guidait.
Rentrons donc dans le cœur du sujet, Madagascar a tout de même le quasi-monopole mondial du commerce du raphia, même si cela reste difficilement quantifiable !
La rabane, c’est en fait un rouleau de raphia tissé d’une largeur de 1,20 à 1,65 mètres. On la colorie et taille dedans à volonté pour faire de multiples objets.
Mais au fait, c’est quoi le raphia exactement ?
Mèches de raphia naturel
Raphia et rabanes
Le mot est d’origine malgache, attesté depuis 1652. C’est un type de palmier en fait, l'espèce Raphia farinifera, originaire de Madagascar, donne une fibre provenant de ses feuilles qui, par extension, porte le nom de raphia. Le raphia est une fibre textile très solide utilisée comme cordage, liens (pour tenir le greffon sur un arbre par exemple) ou comme tissu d'ameublement, pour des sacs, des vêtements… A Mada, les fibres de ses feuilles servent traditionnellement à confectionner le jabo-landy (pièce de costume traditionnel, en raphia et fil de soie ou fil synthétique aussi désormais) ou la rabane.
Entre l’élevage du palmier, la cueillette, le traitement et la transformation en panier, pochette ou set de table de votre maison, le travail est colossal, le savoir-faire à la fois ancestral incluant des techniques plus modernes, et le nombre d’intervenants très important. N’étant pas spécialiste du tout je ne vais en donner qu’un rapide aperçu, biaisé car n’ayant visité qu’un seul atelier pour le moment.
Voici une vue d’ensemble de l’atelier en question, refait à neuf il y a trois ans et où les conditions de travail sont irréprochables.
Pour ceux qui souhaitent développer, d’intéressantes explications sur l’histoire et l’utilisation du raphia peuvent être lues ici.
Un palmier peut être utilisé pour son raphia environ 5 ans après sa plantation. On utilise donc les fibres des feuilles du palmier (hampes) qui font chacune 14cm sur 2m environ. On compte environ 7 hampes par palmier (contre 10 à 11 il y a quelques années encore), il en faut donc une belle quantité pour faire une rabane de 1,65 x 60 cm, vendue en gros en rouleau de 50m. 
Le raphia est transporté rassemblé en mèches ou en torsades, natures ou colorées, cela donne des étals magnifiques. Je n’ai pas osé sortir mon appareil photo au marché du coma (prononcé coum) la dernière fois, pour vous donner une idée en voici une prise sur ce site

Mèches teintes au fond de l'atelier de Marie
 
Ici le raphia est teint dans une cuve qui est en fait un ancien alambic !
Il est ensuite étendu sur un fil pour sécher, à l’ombre (la fibre est moins bonne si elle sèche au soleil). 
La rabane, une fois teinte, est aussi étendue pour être séchée avant découpage.

Cette rabane fushia servira de base pour orner les côté d'une maisonnette-boîte de rangement
Coloré, découpé, collé, repassé, des sujets cousus main au-dessus, voici en image quelques unes des étapes de sa transformation.




Le propriétaire nous assure que c'est vraiment la position favorite de ses brodeuses, sans table ou chaise
Les boîtes de rangement en forme de maisonnettes ou trains/camions sont magnifiques, elles ne sont pas assemblées ici, seuls les motifs sont faits dans cet atelier, puis collés ou cousus ailleurs sur des cartons avant de revenir à l'atelier en attendant le regroupement dans un conteneur.


On peut enfin lui ajouter d’autres matières, comme des feuilles de bananier, des clous de girofle… ou comme sur cette pochette en recyclant les fils de cassettes vidéo !

Et ensuite les finitions, fermeture éclair, anses en cuir, boucles en corne de zébu polie… L'imagination est sans limite et le stock de tout cela est minutieux et impressionnant, 


les tuyaux trouvant aussi une nouvelle vie ici ! La difficulté est de trouver suffisamment d’exemplaires du même accessoire pour pouvoir réaliser les 250 pièces commandées, par exemple.

La fibre peut aussi être directement travaillée avec le crochet, cela lui donne un autre aspect mais je m'aperçois que je n'en ai pas pris en photo !

Cet atelier produit à 95% pour un grossiste danois qui revend ensuite partout en Europe. Le reste est écoulé dans son show-room ainsi que dans divers lieux d’exposition à Tana.

Show room de Marie Rabane

Vous l’aurez donc compris, il y a largement de quoi se faire et faire plaisir !

D’autres fibres peuvent aussi être colorées et tressées, comme le sisal (sorte de gros cactus originaire du Mexique qui se plaît très bien ici), la paille de riz, joncs, bambous ou roseaux, mais je ne sais pas si je pourrais visiter un atelier de chacune de ces matières !


mardi 14 janvier 2014

« Arahaba tratry ny taona » / Bonne année ! – Chat et bateaux

Tous mes meilleurs vœux pour vous tous !

Pour nous l’année a bien commencé, les vacances (ailleurs) furent excellentes, mais nous sommes toutefois bien attristés par la disparition de notre chat Dominos depuis le dimanche 5 janvier au soir.

Arrivé en mai 2010 dans notre foyer, ayant vécu totalement en appartement jusqu’à notre arrivée ici, son adaptation à Mada semblait plutôt bien se passer. Il avait trouvé son rythme de vrai chat en dormant la journée dans la maison et autour, et en sortant la nuit aux alentours, pour revenir à notre porte-fenêtre de chambre vers 4-5h du matin.
Dominos à Paris en train de convoiter les oiseaux
Il laisse un gros manque, peut-être encore plus pour moi en fait car il était devenu en quelque sorte mon compagnon de jour, jamais très loin. Il aurait été aperçu par des voisins en dessous de chez nous, mais impossible de savoir s’il est toujours en vie ou non. Nous espérons encore le revoir, mais est-ce bien raisonnable…
Dominos à Tana avec une de ses proies
Voici en images la visite l’atelier d’artisanat Le Village (surtout) et (un peu moins) le show-room de Gasific, aux alentours de la maison.
Le Village est un atelier de fabrication de maquettes de bateaux, toutes plus splendides les unes que les autres, très recherchées par les collectionneurs. L'adresse du site : www.maquettesdebateaux.com
Je m’y étais déjà rendue la semaine de notre arrivée mais n’avais pu voir que la boutique car l’atelier était fermé, alors que sa visite vaut vraiment le coup.
Cet atelier, qui comprend seulement une dizaine d’employés très qualifiés (il y avait plus de monde auparavant mais le marché, déjà réduit, s’est encore plus restreint ces dernières années avec la crise internationale et la crise à Madagascar depuis 2009), détient les licences exclusives pour certains bateaux comme l’Hermione ou le Pen Duick de Tabarly, dont certains plans sont fournis par le Musée de la Marine à Paris (un vrai casse-tête pour les non-connaisseurs comme moi).

Les Pen Duick du Village
Ici, le Pen Duick petit modèle (3 modèles en bas à droite) est à 40 euros, le moyen (85 cm) entre 417 et 439 euros selon le bois (palissandre ou bois peint), et le grand modèle (1 mètre) entre 682 et 722 euros ! Le Pen Duick moyen est à 70 euros chez Gasific,
le Pen Duick de Gasific, déjà pas mal
mais les acheteurs ne sont pas les mêmes. Le Village s’adresse aux vrais collectionneurs, très soucieux du moindre détail, qui sont donc prêts à y mettre le prix. D’ailleurs, au Village les prix sont directement affichés en euros, alors que chez Gasific les prix sont en euros et ariary.
Confection de détails, à l'aide d'un moteur de machine à laver le linge !
Les détails positionnés
La visite de l’atelier est très intéressante : on se sent effectivement comme dans un petit village-rue, avec une maisonnette pour chaque étape de la fabrication des vaisseaux.

Le travail, entièrement fait à la main, est très minutieux et nécessite une grande concentration. La radio y est toutefois à fond dans certaines maisonnettes, elle-même est aussi embellie.

A nos futurs visiteurs, pas de problème pour en ramener : un certificat est délivré pour le bois et les emballages sont pensés pour, en soute ou en cabine, tous deux déjà acceptés par AF nous précise-t-on.


Confection des voiles

ponçage

Montage des cordes




On en prend aussi plein les yeux dans la boutique, on se croirait dans un musée (juste un peu plus étroit). 
Le plus gros navire c'est le Bounty (1789), il fait 2,40m !

Tout comme dans un musée, il y en a pour toutes les bourses, même les plus modestes avec des porte-clés longue-vue à 7 euros (articles non fabriqués sur place cependant)
ou ce porte-manteau et dérouleur papier wc à 30 euros
Enfin voici quelques belles pièces :
Jonque pirate chinoise du XVIIIè siècle, à 969 euros tout de même (je l’oublie donc !)
l’Hermione, frégate de 1779

La Superbe, vaisseau de 1784

Le France, paquebot de 1960

Le Wasa, vaisseau suédois, fameux pour avoir coulé lors de sa mise à flots en 1628 dans le port de Stockholm, renfloué dans les années 1960 et visitable au Musée qui lui est dédié depuis
Une découverte, la Savoie
« C’est l’une des « barques de Meillerie » qui assurait sur le lac Léman, jusqu'en 1948, le transport des matériaux, dont les pierres de Meillerie, utilisées dans de nombreux bâtiments à Genève. Construite en 1896 à la Belotte, un chantier naval proche de Genève, par Prudent Brocard de Saint Gingolph pour un M. Peray de Meillerie, désarmée par la suite et enfin détruite, elle a été reconstruite à l’identique à partir de 1997. La nouvelle « Savoie » a été mise à l’eau à Thonon le 11 juin 2000. » . 
Amis savoyards ou des environs, on peut désormais la voir en vrai à Evian

Alors, lequel vous plairait le plus ?
De mon côté il me faudra revenir avec ma moitié pour nous décider : je pencherai toutefois plus pour un demi-bateau mural, non seulement plus raisonnable en prix mais aussi et surtout moins gourmand en encombrement !

Cette même journée nous avons visité un atelier de raphia, Marie Rabane.
Mais je m'arrête à la porte, beaucoup de photos et d'explications aussi, je n’ai pas le courage de m’y lancer immédiatement, à suivre donc !

Ah j’oubliais, ce vendredi doivent être rendus publics les résultats officiels de l’élection présidentielle du 20 décembre : l’avance de Hery annoncée sur Robinson sera-t-elle confirmée ? Dans tous les cas, il vaut mieux faire quelques réserves d’eau, on ne sait jamais, j’y vais dès demain matin ;))