mercredi 11 mai 2016

Les charmes du Nord 2 - Diego 2 et Ankarana

Nous démarrons depuis la plage de mangrove de notre hôte où une boutre de M. Richard nous attend, direction la mer d'Emeraude, après avoir traversé toute la baie.


Nous faisons un stop ravitaillement pour récupérer les personnes qui vont cuisiner pour nous.
La traversée de la passe à l'aller nous semble tumultueuse mais en fait est relativement calme (nous ferons la différence avec le retour), nous passons devant les lieux où nous étions l'avant-veille.

Encore quelques dizaines de minutes à voile et nous voici dans une eau calme, limpide et incroyablement turquoise, digne d'une carte postale, et sur une telle étendue que cette surface mérite son nom de "mer".




Au détour d'un îlot rocheux acéré, nous accostons sur une plage de sable blanc paradisiaque. Nous y passerons les quelques heures suivantes, à barboter, aller voir les poissons tout proches, lézarder...


En attendant le repas qui nous est préparé dans une paillotte toute proche, nous pouvons nous faire masser par Alicia, chacun à tour de rôle (ce sont des suppléments à l'excursion qui la rendent encore plus sympathique), les enfants sont ravis, et je tente même les demies-tresses. 

Depuis mes massages lui paraissent nuls...
Alicia porte un masque traditionnel à l'huile et à la poudre de bois santal pour protéger sa peau du soleil. Les dessins sont esthétiques seulement. On voit souvent des femmes avec ce masque, moins à Tana mais il y en a aussi. Je n'avais jamais osé en prendre en photo directement.

Nous nous régalons ensuite de crudités-poissons à la tomate-riz coco et banane, faisons une petite sieste pendant que les enfants jouent dans l'eau et sur le bateau, retournons dans l'eau avant de partir, trop dur...



Il ne faut pas trop tarder car, au fur et à mesure de la journée, la houle augmente et la passe devient plus difficile à naviguer en petit bateau à voile.
Nous commençons déjà à nous faire mouiller dans la mer d'Emeraude, et comprenons que cela va être sportif quand nous voyons les malgaches sortir les imperméables et se caler dans la boutre. Une fois trempés, ce qui arrive très vite entre le vent et l'écume, nous sortons aussi nos K-Way pour ne pas grelotter à l'ombre de la voile. Il y a bien un moteur mais par mesure d'économie il n'est pas mis en route, et puis il y a bien du vent, donc c'est bon !
La boutre est quelquefois très inclinée et nous n'en menons pas large, je crois qu'Achille n'est pas prêt de remettre les pieds dans une boutre ! Nous stoppons de nouveau à Ramena pour déposer les restes et les personnes, et Achille voudrait bien rentrer de là en taxi. Nous lui assurons que la traversée de la baie sera plus calme, mais c'est à peine le cas et il nous maudit de nouveau copieusement ! Nous attendons nos marins quelques minutes, partis se fournir en feuilles de qat, ce qui rassure encore moins Achille quand on lui dit que c'est une drogue douce que les gens d'ici mâchent souvent. Dans l'heure qui suit, nos marins sont de plus en plus volubiles d'ailleurs, mais nous rentrons sans encombre.

Dernier dîner à l'hôtel, pas le courage de sortir dans le centre-ville de Diego, que nous aurons peu visité finalement (déjeuner et ballade le 1er jour mais sous la pluie).
Nous partons tôt le lendemain matin en voiture, pour rejoindre Ankify le soir (Diego-Ankify = 245 km environ), le port d'où nous prendrons le bateau le surlendemain matin pour Nosy Kumba. 
Merci à Alain de nous avoir apporté les passeports/carte bleue/clés en moto à la sortie de Diego, nous aurions eu l'air fins à l'aéroport de Nos Be quelques jours plus tard...

Cette même route nationale est vraiment très défoncée jusqu'à Ambilobe (140km environ), c'est fatiguant, heureusement que nous ne conduisons pas (cela me laisse la possibilité de faire quelques belles photos)
Pas de bitume et des véhicules d'un autre âge


Je crois qu'ils étaient au moins 10 en tout car le chauffeur avait peine à conduire


Nous nous arrêtons à 110 km de Diego, au parc national de l'Ankarana, quasi à mi-distance donc. 

Changement de climat ici, il fait chaud et lourd, la forêt est dense et sèche, avec des feuilles caduques, c'est-à-dire qu'avec le début de l'hiver, elles commencent à tomber.
Ne faisant qu'une halte, nous choisissons la plus courte ballade alors qu'il faudrait rester dormir pour bien apprécier les lieux...
Les rivières sont à sec, nous permettant d'admirer le gouffre d'où part une rivière souterraine qui s'étend jusqu'à la mer. Le tourbillon doit être très impressionnant en saison des pluies.


Quelques lémuriens, serpents, gecko... mais surtout ces incroyables tsingy gris, érodés par les pluies et le vent depuis depuis... Des pics et aiguilles calcaires.




Certaines ballades permettent de s'en approcher un peu plus, mais il nous faudrait plus de temps...
Ces tsingy s'étendent sur 35km de long et sont entrecoupés de canyons insoupçonnés (et qui le resteront pour nous), couverts de forêt et renfermant tout un réseau de grottes et de rivières souterraines. Cette région regorge de grottes sacrées, et de "fady"/interdits donc.
L'ethnie locale est celle des Antakàrana ("ceux qui marchent sur la pointe des pieds sur les roches", et comment !), un sous-groupe de celle des Sakalava, et s'est réfugiée ici lors de la montée en puissance des Merina des hauts plateaux au début du XIXè siècle (les Merina n'ont toujours pas accès aux grottes royales et sacrées depuis). Le roi actuel Tsimiharo III réside à Ambilobe et a toujours un fort prestige, que ne négligent pas les présidents ou divers candidats du pays.

Nous reprenons la route après une pause déjeuner très agréable, entourés de multiples chats.
Arrivée vers 17h à Ankify. Hélas la chambre tarde à nous être remise, nous profiterons juste du paysage : Nosy Kumba en face, où nous nous rendrons le lendemain.








vendredi 6 mai 2016

Les charmes du Nord 1 - Diégo 1

Nous profitons des petites vacances des enfants pour découvrir quelques coins du nord de Mada : nous pensions être larges avec 10 jours mais en fait nous avons pas mal couru et nous sommes dit à chaque endroit "il faudrait rester un peu plus"...

Cap en avion donc sur Antsiranana, ex Diego-Suarez sous l'administration française qui a été présente bien après l'indépendance, puisque la base militaire française ne s'est vraiment retirée qu'en 1973 pour la Marine nationale et 1974 pour la légion étrangère. 
Un peu de terminologie : la baie est "découverte" en 1543 par un explorateur portugais dont on devine le nom (une autre version indique 2 autres navigateurs, Diogo Dias et Fernan Soares). Mais son nom local est alors "Antomboko", soit troué, perforé : c'est que la baie est immense (156km), 2è plus grande au monde après celle de Rio, très découpée. En 1970, pendant la "malgachisation" du Président Ratsiraka, la ville prend le nom d'Antsiranana, "port", mais Diego-Suarez reste très utilisé aussi.
Comme à Rio, il y aussi un "pain de sucre", mais il est sacré, donc préservé, Nosy "Lonjo".

Nous redoutions de ne pas pouvoir partir, le cyclone Fantala est passé à 300km des côtes environ, et sa trajectoire est restée incertaine assez longtemps. Heureusement, il avait commencé à ralentir peu avant (après avoir fait de gros dégâts sur les îles Farquhar non loin) : nous sommes arrivés sous une grosse pluie dès la sortie de l'aéroport et avons eu un temps mitigé et venteux les 2 premiers jours, mais qu'importe, nous étions arrivés !
Nous ne regrettons pas de poser nos valises pour 4 nuits à la Villa Diego, chez Alain, sur la recommandation d'amis : on se sent bienvenus et très vite à l'aise, comme à la maison !



Nous consacrons notre première journée à une petite randonnée le long de la plage, aux "Trois baies", côté est, plein océan : nous nous faisons déposer à l'entrée de la baie de Sakalava (haut lieu pour le kite-surf), et longeons le littoral en passant par la baie des pigeons pour finir à la baie des dunes. Sans guide, nous hésitons quelquefois et passons à côté de vestiges de fortifications (que nous découvrons de loin ensuite...).







Malgré le vent et la baignade, il fait chaud et nous sommes contents de retrouver notre taxi près des vendeuses de souvenirs. Nous rejoignons alors la plage de Ramena où nous déjeunerons, tout en passant dans les ruines du fort militaire français et dans la zone militaire malgache actuelle, dont la résidence où a été placé Ravalomanana il y a quelques mois après son retour clandestin dans le pays.
Le site ne paraît pas actif du tout...



Le lendemain matin, direction le parc national de la montagne d'Ambre, premier parc créé à Mada en 1958, à une quarantaine de km de Diégo. Est-ce son ancienneté qui fait que le tarif est si élevé ? Un enfant de 12 ans est ici déjà considéré comme un adulte (15 euros), sans compter le coût du guide, obligatoire (et nécessaire !). 
Le parc jouxte la petite cité coloniale de Joffreville : en altitude (minimum 800m, max 1475m), l'air y était plus sain que sur la côte et c'était devenu un lieu de résidences secondaires, bien décaties depuis...

Parc à forêt dense et humide, nous n'échappons pas à la pluie/bruine. Nous ne verrons donc qu'un seul lémurien car ils se cachent de la pluie.
Découverte du plus petit caméléon, le "brochesia", différent donc de celui que nous avions pensé avoir déjà vu à Anjozorobe. 


Et là c'est sa taille adulte !
Le voyez-vous ?
Ce lézard est le vrai roi du camouflage, bien plus que le caméléon, incroyable : pour dormir la journée il s'aplatit littéralement le long d'un petit tronc idéalement recouvert d'un peu de mousse, allonge ses pattes arrière et avant le long de son corps.
Devant une cascade sacrée


Après un excellent déjeuner à Joffreville dans le jardin de l'auberge/maison d'hôtes "le Relais de la montagne d'Ambre", institution locale (où les enfants sont ravis de trouver plusieurs chats), nous prenons la route pour nous rendre aux Tsingy rouge. Il faut retourner sur nos pas et poursuivre sur la route nationale en direction de Nosy Be (à 50km environ de Diégo). Hélas cette portion est très dégradée, augmentant le temps du trajet, on ne voit plus beaucoup de bitume et nous n'osons pas imaginer comment cela doit être en saison des pluies...

On quitte la route pour 17km de piste sablonneuse sèche, cela roule mieux que sur la route, pour déboucher d'abord au sommet de canyons, falaises qui s'effondrent sous l'action du vent et de l'eau.





La piste passe tout près du précipice, notre chauffeur nous indique que celui-ci n'en a jamais été aussi près, il gagne toujours plus. L'année prochaine l'accès pourrait être coupé, il faudra trouver une autre voie car ça craint ! 

Un peu plus loin on peut descendre à pied au fond de l'un des canyons et marcher le long de ces "cheminées" de grès, marnes et calcaires, colorés par la latérite/terre rouge.





Magique, majestueux, fort, angoissant un peu aussi car éphémère...
Le retour est long, et les enfants se jettent dans la piscine malgré la nuit noire, il y resteront 2 bonnes heures et dîneront en maillot de bain !

Pause, le bleu émeraude promis sera pour le prochain post !