jeudi 26 mars 2015

Route Nationale 7 - 1ère partie

Nous partons ce samedi 28 février aux petites heures pour rejoindre la route nationale la plus connue de Madagascar, la RN7 : près de 1000km pour passer de 1300m d’altitude au niveau de la mer.
L’incertitude plane, on nous annonçait un pont coupé à destination, et surtout, la veille, suite aux fortes pluies de ces 2 derniers mois, une digue a lâché, des éboulements et glissements de terrain ont fait plusieurs morts, et les photos circulant n’étaient guère encourageantes (l’une d’elle montrant Behenjy, à la sortie de Tana sur le début de la RN7, sous les eaux…). La capitale connaît depuis 2 mois de fortes pluies incessantes et inhabituelles.
Heureusement pour nous, cette nuit-là il n’a pas plu une seule goutte, l’eau s’est au moins retirée des routes à défaut des maisons.
Voici 2 photos d'à peu près le même endroit, à la sortie de Tana, Tanjombato, le long de l’Ikopa : maintenant les fours à briques ne sont presque plus visibles :

Certes la 1ère photo est durant la saison sèche (septembre 2013), mais cela donne une idée.
Nous sommes partis une semaine et il n’a pas cessé de pleuvoir à Tana, cela fait seulement 2 jours de suite qu’il ne pleut « que » le soir à l’heure où j’ai commencé à écrire ce récit (mais cela s’est arrêté au jour où je publie heureusement) !
Autant dire que nous étions bien contents de quitter cette drôle de ville, sa pluie, ses marmites sur les routes et ses affreux embouteillages !
Nous avons donc eu la version verte de la RN7 : quelques mois plus tard et c’est la version jaune et rouge, voire noire avec les feux de brousse.
Grâce à la Nautamine® découverte ici, pas de malades dans la voiture, ouf  : la route est sacrément sinueuse, sans compter qu’il faut slalomer entre les trous tout en étant bien secoués car impossible d’échapper à certains d’entre eux (jusqu’à Fianarantsoa en gros) ! Nous sommes vraiment très contents d’avoir demandé au chauffeur de l’entreprise de faire le voyage avec nous, cela change tout, nous sommes beaucoup moins fatigués !
Rapide pause petit déjeuner à Antsirabe (à 170km de Tana), où il serait agréable de s’arrêter plus longuement une nouvelle autre fois. Quelques km avant Ambositra (à 90km d’Antsirabe), nous découvrons ce pont cassé net, resté en l’état depuis 2008 nous dit-on. Il y en a néanmoins un nouveau un peu plus loin.

Ambositra est un gros bourg qui réunit beaucoup de monde, le samedi notamment, jour de marché. La « ville » et ses environs sont surtout connus pour l’artisanat sur bois, mais on trouve de tout bien-sûr. Nous visitons un atelier de sculpture où, comme dans d’autres ateliers, la personne réalise un petit objet en deux temps trois mouvements avec presque rien comme outil dans les mains.

Nous décidons ensuite de monter au Rova qui domine la ville, annoncé proche dans les guides : en fait il faut bien 30 à 45mn de piste et le 4x4 se révèle indispensable ! Mais la vue en montant et sur place y est splendide. 

Peu d’explications cependant, le gardien des lieux est muet, nous comprenons à ses gestes qu’il nous demande des vêtements, mais nos valises sont à l’hôtel…


Le soir nous avons la surprise de trouver au dîner l’ancien trésorier de mon association à l’école : il a déménagé en fin d’année scolaire et c’est donc un vrai plaisir de le retrouver et échanger des nouvelles !
Nous reprenons la route le lendemain matin pour faire un premier stop aux abondantes chutes d’Andriamamovoka et au parc national Ranomafana (qui veut dire « eaux chaudes » : il y a des bains au village à 7km du parc, mais nous ne nous y sommes pas arrêtés), où nous faisons une petite marche pour nous dégourdir les jambes dans les restes de la forêt humide primaire tout en apercevant quelques lémuriens dont on ne se lasse pas. Ceci représente un petit détour sur la RN25 et 45, qui n’ont plus que le nom de route nationale après le parc quelquefois… Mais il paraît que la portion de la RN7 que nous évitons ainsi est encore pire.


Nous avons eu la chance de voir des « hapalemur aureus » (doré), endémiques de ce parc et découverts en 1986 seulement : il grignote de jeunes pousses de bambou qu’il fait tomber au fur et à mesure, gare à la tête !
la pousse de bambou dans la patte gauche

Au passage, nous rencontrons un mini porc-épic ou plutôt un « tenrec zébré » : très affairé à fouiller l’humus pour trouver des vers et insectes, il se rend à peine compte de notre présence et sursaute seulement quand on le touche, trop mignon ! Evidemment, son habitat se réduit, il commence donc à être menacé aussi, et comme en plus il est consommé par les populations... 


















Je découvre aussi l’arbuste et la fleur de gingembre






Et nous restons scotchés par les champignons rouges comme ici, jaunes ou violets.










Ces lézards verts à queue bleue sont magnifiques.









En fin d’après-midi nous arrivons finalement au Lac Hôtel à Sahambavy, à 20km à l’est de Fianarantsoa : idyllique, même s’il fait vite frais.


J’adore l’ancienne cabine téléphonique oeuvre d'art !


Nous visitons le lendemain matin la seule plantation de thé qui se trouve juste à côté et qui fournit le producteur national TAF : 300 hectares d’arbustes à thé, que je vois aussi pour la première fois. Seules les têtes sont récoltées, 2 fois par an. C’est un thé noir assez fort.



Le thé est séché avec les ventilateurs, trié, puis fumé, hâché finement (enfin, il y a différentes épaisseurs donc qualités). Je regrette vraiment de ne pas avoir pris des notes tout de suite après la visite parce que, forcément, 4 semaines après, j’ai oublié combien il fallait récolter de feuilles pour faire un tonne de thé, quel est l’ordre exact des différentes opérations, combien de personnes travaillent à plein temps sur l’exploitation… Je me sens un peu nulle sur ce coup-là, désolée !

Nous nous arrêtons ensuite dans Fianarantsoa au labo du célèbre photographe malgache Pierrot Men (lien vers portrait récent de La Croix pour ceux qui ne connaissent pas), qui saisit la vie quotidienne des Malgaches comme nul autre, avec des contrastes parfois très forts. Certains clichés, anciens, pourraient avoir été pris aujourd’hui.
C’est toujours le même labo malgré son succès international depuis. Nous avons la chance de le rencontrer, il travaille sur place en ce lundi matin : très gentil, il discute 5mn avec nous et commente les photos que nous avons choisies.

Les troupeaux de zébus sont toujours très nombreux sur la route, nous approchons d’Ambalavao qui est la plaque tournante de ce commerce dans la région, mais aussi donc de son trafic avec les dahalo/voleurs de zébus. C’est d’ailleurs en partie pourquoi il est désormais totalement déconseillé de conduire après 17h.




Le paysage change, les rizières se font plus rares et de gros blocs apparaissent, l'Isalo n'est plus très loin (prononcez "Ichale"), la route devient rectiligne aussi, mais je m’arrête là dans l’immédiat car il faut maintenant charger les photos (c'est 5mn par photo ;( )...

A suivre !