lundi 18 mai 2015

Fort Dauphin

Pour les dernières « petites » vacances des enfants, nous avons décidé de partir tranquilles, en avion ! C’est que notre petit dernier est à peine remis de la bilharziose (il faut encore faire des analyses début juin pour être sûr qu’il n’a plus de vers), et le voyage en voiture serait trop crevant pour un si court séjour sur place.
En effet, par la route il faut compter 72h non stop, impossible car on ne roule plus de nuit dans tout Mada pour des raisons de sécurité. Elle est praticable jusque Ihosy sur la RN7 (où nous ne nous étions pas arrêté aux précédentes vacances. Tana-Ihosy = 600km déjà), puis c’est une piste défoncée jusqu’à destination, soit 500km tout de même, sans haltes « classiques » possibles.
Pas de description de la route du grand sud donc puisque nous n’avons pas traversé ces zones arides.
Nous ne nous rendons ainsi pas compte du véritable havre que représente Fort Dauphin, car du fait de sa position, la ville et sa région immédiate sont extrêmement bien arrosées et ne souffrent donc pas de sécheresse, ce qui n’est pas le cas dans le reste du sud, où l’eau fait défaut depuis de longs mois et où les populations meurent littéralement de soif et de faim (dixit une connaissance missionnaire qui en revient)…
Reprenons, départ à la mi-journée en avion donc, avec une escale à Morondava, allongeant de 2h notre voyage et nous faisant sauter le déjeuner. Arrivée vers 16h à l’hôtel, le Talinjoo, une merveille : les chambres, très spacieuses, sont en dur, il y a peu de cafards donc ;). Nous dominons la baie, et la piscine. La cuisine n’ouvre qu’à 18h, nous jeûnons donc ce jour-là (oui c’est indécent de dire cela après le paragraphe précédent)… Le temps est plutôt maussade, mais les enfants plongent tout de même dans la magnifique piscine de l’hôtel avant la pluie.
Vues depuis notre terrasse :
Une partie de la chambre...


Le pic Saint-Louis droit devant
Nous sommes rejoints le lendemain par des amis de Tana qui logent au même hôtel, le séjour est donc encore plus gai !
La ville est vraiment minuscule, nous l’avons arpentée à pied sous une petite pluie et n’avons même pas pu visiter le Fort historique tenu désormais par les militaires, car les horaires de visite sont très aléatoires : lorsque nous sommes passés, le samedi après-midi, le garde laissait entrer des gens (des habitués ?) mais pas nous, et nous a dit de revenir le lundi, sans garantie... Dommage, il y a soi-disant encore quelques vestiges du Fort Flacourt de 1643. Notons au passage que Fort Dauphin est le nom donné par les colons français mais que la ville s’appelle désormais Taolagnaro. Personnellement je vais continuer, comme beaucoup ici, à dire Fort Dauphin, ayant du mal à prononcer et retenir correctement le nom en malgache (shame on me, je n’y arrive pas…). Pourquoi Dauphin me direz-vous ? Tout simplement en l’honneur du dauphin du roi Louis XIII, le futur Louis XIV.
Sous la pluie cela perd de son charme, c’est sûr. Le petit port à l’abandon n’est pas des plus attrayant, avec sa péniche rouillée échouée depuis on ne sait quand…
Oui c'est le port !

C'est une rue du centre, pas vraiment reluisant
La bonne surprise a été vers les taxis-brousse le resto « Chez Perline » qui ne paie pas de mine (sans les indications du guide je ne pense pas que nous nous y serions arrêtés) mais dont les crabes et langoustes sont délicieusement préparés !

La plage Libanona à côté de notre hôtel est magnifique et les rouleaux n’y sont pas trop violents (quoique…) : l’eau est très claire et froide (nous sommes à l’extrémité sud de Mada, les courants y sont froids donc), mais c’est tout de même un bonheur de s’y baigner. 
Notre hôtel est invisible, tout à droite



Notre hôtel est en hauteur, à ses pieds il n’y a pas vraiment de plage à proprement parlé, mais un beau platier sédimentaire de rochers acérés (et je m'y suis coupée bien-sûr) où se fracassent les vagues et où se nichent de gros coquillages, les « deda » (turbo marmoratus en latin). 
C’est le RV des nombreux pêcheurs-plongeurs en apnée qui inlassablement récoltent ces coquillages nourriciers, un filet autour de la taille pour les contenir.

la plage des platiers n'a presque plus de sable : elle est jonchée de coquillages vides, de coraux morts, squelettes d'oursins
Les petits bassins regorgent de vie : bernard l'hermite, et un drôle d'amphibiens qui reste au soleil sur les rochers et fait  littéralement plusieurs sauts sur l'eau avant de s'y réfugier à notre approche
 Notre ami s’en fait directement cuire sur la plage, sur le fataper : c’est un gros escargot de mer en quelque sorte, qui se mange seul ou sert d’appât pour pêcher les langoustes. Cela sent bon mais nous n’avons pas tenté. En revanche, j’ai conservé leur opercule énorme en calcaire car une fois nettoyé et poli, cela fait comme un galet original avec sa spirale, que j’ai par ailleurs déjà vu en bijou (mais je les conserverai en éléments de décoration) ! Le coquillage est source de nacre également.


Observer ce platier est fascinant car l’eau y jaillit en geyser : les vagues s’engouffrent sous la barrière rocheuse et ressortent plus loin par des anfractuosités. Le platier est constitué de multiples trous où la profondeur varie selon les vagues.
Les vendeuses (et leurs enfants) de colliers et coquillages nous laissent tranquilles quand nous leur disons habiter Tana et avoir déjà tout ce qu’il nous faut, ouf !
Un vrai programme de farniente cette fois, avec plage, piscine, jeux de cartes et de dés et un peu d’écran pour les enfants : levés tôt-couchés tôt !

Nous marchons jusqu’à une autre plage, Ankoba, dans la fausse baie des Galions, spot de surf réputé : nous arrivons par au-dessus et le paysage est grandiose
La plage Ankoba en bas, et QMM au fond

notre hôtel au loin derrière dans les arbres (le tableau de famille aurait été pas mal mais Achille était en arrière !)
Les vagues y sont effectivement belles et les courants plus puissants, même dans très peu d’eau. Ils ramènent au bord, certes, mais créent aussi des trous/marmites profondes et soudaines, juste au bord. Baignade sportive et vigilance accrue donc. Le restaurant « Chez Marceline » y donne un petit air de paradis. 
Juste à côté se tient une espèce d’arêne (carrée) pour les combats de coqs dont les malgaches sont friands : il y a foule en milieu d’après-midi et nous nous pressons autour aussi pour contempler une partie du spectacle.
La plage depuis chez Marceline


Nous nous scindons pour rentrer à l’hôtel, en taxi ou à pied (mon option). En chemin, je croise donc cette vache qui, bien qu’ayant de l’herbe à proximité, préfère manger ce qu’elle trouve sur le tas d’ordures, sur lequel il est rappelé qu’il est important de garder la ville propre…



Dans l’ensemble, le temps est malheureusement assez inégal, une dépression reste un peu bloquée plusieurs jours et il pleut systématiquement à partir de 17h.
C’est ainsi que je manque, avec Achille, une belle journée ensoleillée et excursion au lac Ambavarano et dans la baie de Lokaro car Achille a été malade toute la soirée et nuit précédente. Heureusement, ses diarrhées et vomissements nombreux cessent au matin car je commençais à m’inquiéter sérieusement…

Ravenala (arbre du voyageur) et oreilles d'éléphants sur le lac Ambavarano
Mais finalement cette excursion n’en a pas vraiment été une, ils n’ont pu aller à la destination finale car l’écluse qu’il fallait passer était impraticable. Impossible de passer l’embarcation, et marcher 12km en tongues ou sandales dans des sentiers incertains n’aurait pas été sages avec Ottavio qui fatiguait encore vite. La troupe est revenue beaucoup plus tôt, dépitée. Nos amis étaient passés par un de leurs contacts sur place, mais cela n’a pas bien fonctionné. Les agences de tourisme sur place sont honteusement chères, mais sans doute que si nous étions passés par elles, un autre bateau les aurait attendu de l’autre côté de l’écluse, tant pis !
Du coup nous avons tous les 4 fait un massage, surplombant l’eau, un vrai régal : c’était une première pour les enfants, qui ont adoré (à défaut d’aller au cinéma, ici on va au massage ;) !). Depuis il faut que je leur en fasse un presque tous les soirs avant de s’endormir !
Pour notre dernière journée nous nous rendons au domaine de Nahamoana, à 7km de la ville : nous pensions avoir déjà vu beaucoup de lémuriens en même temps, mais là ils sont encore plus nombreux et peu farouches. C'est toujours un régal de les voir et de les approcher de si près, nous cueillons des mandarines et ils viennent en prendre des quartiers directement dans nos mains !



Un caméléon femelle creuse son trou pour y déposer ses œufs juste au milieu du chemin qui, heureusement pour elle, n’est pas si fréquenté ;


"Bonjour Vazaha !" lors de la petite promenade en canot dans la réserve


Notre public durant notre déjeuner (nous sommes venus avec la cuisinière)
Juste des curieux, la quinzaine de makis est repartie 5 mn après
L’impression générale est que Fort Dauphin est parfait pour quelques jours de détente, et plus encore avec des excursions intéressantes quand on est véhiculé (la location de 4x4 est totalement prohibitive, et les excursions très chères). La ville elle-même n’est pas très attirante au final, mais ce n’est pas là l’atout de la ville. Ses belles plages sont sans conteste les plus belles que nous ayons vu depuis notre arrivée à Madagascar (et en septembre-octobre on peut y voir les baleines à bosses).
L’ascension du Pic Saint-Louis (529m) était aussi une des attractions prisées car le sommet permet d’avoir une vue magnifique, mais depuis fin septembre dernier cette randonnée est totalement déconseillée suite à une attaque très violente de traileurs (http://www.linfo.re/ocean-indien/madagascar/653123-la-randonnee-de-l-horreur).
J’ai oublié de parler jusqu’à présent du port d’Ehoala, opérationnel depuis 2009, que nous n’avons pas approché mais vu de loin car il se situe du côté opposé de la baie où nous étions et son accès est strictement règlementé (les lumières étaient bien visibles de nuit). Il s’est développé à la suite de la découverte d’un énorme gisement d’ilménite, minéral riche en titane et en fer. Ses utilisations ? Je reprends le guide Lonely planet pour cela : « Léger, non sujet à la corrosion, plus résistant que l’aluminium et pouvant supporter de hautes températures, ce minerai entre dans la fabrication d’alliages utilisés dans l’aéronautique et certains équipements spatiaux de haute technologie. Il sert également à produire du bioxyde de titane, ou blanc de titane, l’un des composants des peintures. On l’utilise enfin pour la fabrication de certaines prothèses médicales ». Le gisement de Fort-Dauphin représenterait environ 10% des réserves mondiales d’ilménites. La production est de 750 000 tonnes par an, et l’Etat malgache est partenaire du projet à 20%, le reste appartenant à l’entreprise canadienne Rio Tinto, via sa filiale malgache Qit Madagascar Minerals (on nomme cet endroit « QMM » en fait).
Mais il paraît que cela ne profite pas tant que cela à l’Etat ni à la ville elle-même…

Notre vol de retour était prévu pour la mi-journée, nous comptions donc nous baigner une dernière fois dans cette belle eau transparente : on nous annonce la veille à la mi-journée que le vol est repoussé vers 15h, parfait cela nous laissera encore plus de temps ; mais dans la soirée on nous annonce que finalement l’avion partira à 8h20 !
L'aéroport est encore plus petit que celui de Morondava et Tuléar

Le panneau d'affichage est aussi mythique
Nous n’avons donc pas fait nos adieux à la mer…, et sommes arrivés à Ivato vers l’heure du déjeuner seulement, car il y a eu une escale à Tuléar. Du coup, cela devient une habitude, nous avons déjeuné à la Rôtisserie ! Quoi, c’était tout de même le jour de mon anniversaire !

Pour ceux qui voudraient aller plus loin dans la découverte de Fort Dauphin et ses environs, ce blog http://blogkotoko.fort-dauphin.org est très riche et bien écrit ! Et ce site aussi, http://www.fort-dauphin.org/home, créé par la même personne je crois.


Le dimanche suivant, j’ai participé, sans Achille cette fois, à l’UTOP-Ultra trail des hauts plateaux, pour les 10km seulement, avec 350m de dénivelé. Effectué en 2h19 pour ma part, en marchant vivement puisque je n’aime pas courir. Dommage que le parcours comportait deux fois la même boucle, on sait trop où cela va être difficile au 2è passage ! Je ne pense pas réussir à faire les 30km l’année prochaine, ou alors il faudrait beaucoup plus s’entraîner !
Le w-e suivant c’était les portes-ouvertes à l’école pour accueillir les possibles nouveaux enfants et parents du quartier. En ce moment je prépare activement avec l’association de l’école la kermesse du 6 juin, le temps passe vite et nous allons nous retrouver fin juin en un éclair !


A bientôt !