vendredi 19 décembre 2014

Pluies et plastiques

Un dernier petit mot rapide avant la fin de l’année, juste pour vous indiquer que ça y est, la saison des pluies est bel et bien là !
L’année dernière c’était le plafond de notre salle à manger qui fuyait, cette année c’est celui de la chambre d’Ottavio, mais heureusement pas sur son lit ; ainsi qu’un mur qui suinte et fait une belle flaque sur le parquet dès que la pluie est très intense !

Etant données certaines cloques au plafond d’autres pièces, c’est loin d’être fini. Et encore avons-nous la chance d’être dans une maison solide qui a fait ses preuves, je pense à chaque fois aux personnes qui vivent dans les cabanes en bois avec la tôle ou le « bosaka » (paille) comme toit, ce doit être terrible.
Mais les maisons neuves ne sont pas à l’abri pour autant : un collègue de Flo qui avait emménagé il y a peu en a fait l’expérience. L’évacuation des eaux étant mal faîte, tout s’est accumulé sur leur toit plat, qui a fini par faire céder les faux-plafonds, direct dans leur salon !
Dimanche soir la foudre est tombée tout proche de la maison, dans le jardin selon les enfants qui n’étaient pas rassurés du tout : notre modem et le disque dur externe, pourtant branchés sur un onduleur, n’ont pas résisté… Pas d’internet pendant plusieurs jours et surtout nous avons craint de ne pas pouvoir récupérer nos photos d’avant 2011 que nous stockions sur ce disque dur. Cela va nous servir de leçon, nous débrancherons tout désormais en cas d’orage…
Les pluies peuvent être très intenses sur un court laps de temps, l’eau s’accumule et s’évacue n’importe comment car les canaux d’évacuation et autres égouts à ciel ouvert saturent très vite, d’autant qu’ils sont souvent bouchés par les sachets plastiques, entre autre. Les trous sont alors masqués et cela peut se révéler fatal pour les piétons.
Sous l'orage à Talatamaty
Il est question que lesdits sachets soient interdits à Madagascar à partir de février 2015 pour l’importation et mai 2015 pour la production, la commercialisation, la distribution et l’utilisation, mais j’ai peine à le croire. Ils ne coûtent rien ici et du coup servent pour tout et rien au quotidien, ne serait-ce que pour acheter 500gr de riz, de sucre, de farine…
Certes beaucoup finissent dans les égouts ou accrochés aux arbres, mais bien ficelés ensembles ils forment une boule qui sert de ballon pour les enfants, éh oui, tout se « recycle » ici.

http://www.midi-madagasikara.mg/societe/2014/07/03/environnement-les-sachets-plastiques-partout-sales-destructeurs/
Au club de sports et loisirs cela est aussi régulièrement le déluge, il faut remettre en état à chaque fois. La coupure électrique a duré plusieurs jours cette fois, dur-dur quand le club reçoit des entreprises pour leur repas de Noël... La toiture en bosaka de la grande salle fuit de plus en plus, ce seront sans doute les prochains gros travaux.
Mais au moins l’activité kayak peut-t-elle reprendre, le niveau du lac étant remonté, et les rizières sont de nouveau d’un vert pomme flamboyant avec des canards de partout ;)



Cette fois je vous souhaite à tous de passer d’excellentes fêtes de fin d’année et vous dis à début 2015!

mercredi 3 décembre 2014

Parc National d’Ankarafantsika

« Le parc National d’Ankarafantsika constitue une relique des formations denses sèches caducifoliées de l’ouest malgache » annonce la brochure, c’est-à-dire que certains arbres perdent leurs feuilles en saison sèche pour économiser l’eau, ce qui est assez rare à Mada et l’est de plus en plus aussi sur la planète.
Le parc appartient à la région Boeny, comme Majunga, et englobe dans ses 136 000 hectares une portion de la RN4 : il est donc très pratique d’accès, à plus ou moins 2h de Majunga.
En nous rapprochant en 4x4 nous avons pu faire 3 petites balades sur la journée :
Le circuit des baobabs : une passerelle aménagée sur les rizières asséchées nous fait bien comprendre que l’eau n’est pas encore arrivée au cas où l’on en doutait encore. Elle débouche sur un petit pont suspendu au-dessus d’un filet d’eau qui rejoint le lac plus loin. En saison des pluies, les crocodiles du lac remontent jusque là nous dit-on, les enfants en frémissent ! Il fait très chaud et nous sommes bien contents d’avoir pu nous approcher au maximum : à la fin Ottavio ressemble à une tomate bien mûre et le fait savoir ;). Nous découvrons alors 2 baobabs Adansonia boeniensis que l’on ne trouve que dans cette région et qui sont les derniers à subsister (2 autres se sont écroulés récemment). Ils sont très hauts, on se sent vraiment tout petits, et ils disparaîtront bientôt de la terre, cela fait tout bizarre de se dire cela.

On voit la souche d'un des baobab écroulé à droite
Nous nous arrêtons ensuite quelques minutes pour observer une ruche sauvage au creux d’un arbre, puis l’arbre à « vazahas », appelé ainsi car sa « peau » pêle, comme nous, les vazahas.


Pause déjeuner au restaurant du parc, puis re-4x4 pour traverser quelques km de brousse et nous approcher du grand "lavaka" ou canyon, façonné par l’érosion de la pluie et des vents, érosion accélérée par l’absence de végétation désormais. Il est très impressionnant, même si désormais on ne peut plus trop s’en approcher et encore moins y descendre comme il fut un temps. Les couleurs sont superbes mais au final cela est plutôt triste, car cela illustre encore plus mon avant-dernier article.

Au loin un énième feu, il y en a même au sein du parc nous dit le guide...
Retour au centre d’accueil et départ à pied cette fois pour le lac Ravelobe tout proche et une balade en bateau autour des crocodiles. La zone du parc représente un grand réservoir d’eau pour les plaines environnantes, dont la plaine Marovoay, 2è grenier à riz du pays. Il y a beaucoup d’écluses tout autour. Le lac pour l’heure est à son niveau le plus bas, et les rives sont nettement envahies par les jacinthes d’eau, qui repoussent toujours plus fort d’année en année. Il faut dire qu’il est assez difficile d’aller les retirer quand on sait que 70 crocodiles au minimum sont présents dans les eaux du lac. Il y a régulièrement des « accidents » avec les pêcheurs, la prudence est donc de mise. Les enfants s’inquiètent à juste titre de savoir si ces animaux réussissent à grimper dans l’embarcation…
C’est la première fois que nous voyons des croco en liberté dans leur milieu naturel, ils ont l’air bien paisibles mais il ne vaut mieux pas trop s’y fier.


Les jacinthes d’eau offrent toutefois un terrain idéal aux oiseaux et notamment aux échassiers qui peuvent s’y fondre et pêcher leur repas en toute quiétude, enfin lorsqu’ils ne sont pas eux-mêmes pris comme repas par les reptiles en-dessous d’eux !
Nous voyons ainsi un héron en train d’essayer de dégager son bec du poisson qu’il a « harponné » pour pouvoir le manger, le poisson s'agite encore bien (plus pour très longtemps).


A agrandir...
Un pêcheur prudent se tient prêt à harponner aussi un poisson, ou à repousser un croco ? On voit les jacinthes séchés encore haut derrière lui.
Les villageois aux abords immédiats de l’entrée du parc profitent aussi du parc, leurs étals colorés concentrés à cet endroit en témoignent. 

En fait, le parc est également géré avec les villageois, pour tenter une gestion durable des ressources naturelles du parc. Malgré tout, il y a aussi des feux dans la zone protégée elle-même, les coutumes ont encore la belle vie…
Et hop un peu d’éducation sexuelle au passage !

Les agents du parc travaillent avec le Durell Wildlife Conservation Trust pour l’élevage et la reproduction de deux espèces de tortues menacées d’extinction, la Pyxis planicauda et la très rare Geochelone yniphora.

Nous avons choisi l’hébergement en bungalow tout confort, juste au-dessus du lac : les enfants s’en réjouissent, ils n’auraient pas beaucoup dormi sous une tente avec les croco à côté !


Ces petits trous au sol m’interpellaient : il suffit d’attendre quelques minutes et l’on comprend alors. C’est un petit insecte qui fabrique ainsi un piège redoutable : une petite fourmis glisse dans le trou et hop, impossible d’en ressortir, l’animal caché en-dessous l’agrippe fermement et l’emmène plus profond pour en faire son repas, impressionnant ! C’est une espèce de puce des sables, pas très grosse, à peine plus que sa proie en tout cas…
Nous n’avons pas vu de caméléons cette fois-ci, juste des petits iguanes qui se fondent à l’écorce des arbres mais qui sont très rapides dans leur fuite si l’on s’approche trop.

Mais depuis, je n’arrête pas de croiser des caméléons : au club de loisirs, à la maison, sur la route… Il y en a même un qui essayait de rentrer chez nous et qui a voulu faire de la trottinette !
Drôle d’animal, totalement inoffensif (enfin les enfants racontent qu’on leur a dit qu’il ne fallait surtout pas que leur bave touche nos yeux, cela les brûlerait : mouais, faudrait en être drôlement près tout de même), ces petits animaux sont plutôt peureux et assez vulnérables, d’autant qu’ils ne sont pas forcément très aimés : on leur prête des dons de voyance et ce n’est donc pas très apprécié, les enfants leur jettent des cailloux, jusqu’à les tuer, berk. Mais c’est surtout le trafic et la destruction de leur habitat qui les rend encore plus vulnérables. Contrairement à ce que l’on croit, ils ne changent pas de couleur pour se fondre dans l’environnement, mais pour traduire des émotions (le désir de s’accoupler par exemple), défendre son territoire, donc communiquer avec les autres ! Et aussi il n’utilise pas toute la palette des couleurs, uniquement le blanc, jaune, rouge, bleu, vert et brun, ce qui est déjà pas mal me direz-vous.
Vous l’aurez compris, je les trouve fascinants, j’aime bien les observer avancer en marche saccadée, tout en reculant légèrement.

Pour revenir et terminer sur notre quotidien, nous approchons de la fin d’année comme pour tout le monde, et ici cela se traduit par des embouteillages encore plus intenses : nous évitons au maximum d’aller en ville, pourtant à 10km de là (selon le moment de la journée il faut 2h, jeudi dernier nous avons par exemple renoncé en cours de route, hop demi-tour). Le transport scolaire d’Achille s’adapte en faisant passer un mot pour signifier que le ramassage se fera encore plus tôt, 5mn cette semaine puis jusque 20mn la dernière semaine avant les vacances, afin d’éviter d’arriver trop en retard au collège : départ à 5h55, puis progressivement jusque 5h40. Le record du retour le soir est « seulement » de 18h50 pour le moment, mais je sens qu’il va bientôt être battu…
L’ironie est que s’est tenu un congrès sur la route à Ivato, tout prêt de la maison, et que cela a rajouté des embouteillages.
Pour ceux qui auraient de l’argent (propre) à investir à Tana, pensez à l'« hélico », il y a un marché à prendre ;))


Bonnes fêtes de fin d’année à vous tous et à l’année prochaine !