jeudi 19 décembre 2013

Téléphonie mobile

Ici, comme en Afrique, la téléphonie mobile est très importante.
D’abord parce qu’il n’est pas toujours aisé, pas seulement financièrement, d’avoir une ligne de téléphone fixe qui, en plus, fonctionne plus ou moins bien. D’ailleurs, nous en avons une mais nous ne l’utilisons jamais. A chaque fois que j’ai essayé d’appeler un téléphone fixe ou un portable depuis notre fixe cela n’a pas marché.

Il semble par contre que l’Etat ait fait un effort sur les infrastructures pour le mobile. Je ne suis pas une experte donc c’est énervant, je répète un peu sans pouvoir vérifier ce qu’annonce l’agence ecofin
Mais les opérateurs aussi font de gros efforts de développement selon une de nos connaissances ici qui travaille chez Telma, l’opérateur national. Il est parti quelques jours au nord-est de Mada superviser les derniers mètres de câblage de fibres optiques réalisés depuis des semaines par exemple.

Le territoire semble désormais bien désenclavé, même s’il reste des zones sans captation aucune. Par exemple, il est recommandé, notamment pour une personne se déplaçant beaucoup dans Mada, d’avoir une puce de chaque opérateur pour optimiser la couverture de chacun : suivant le numéro appelé, on utilise la puce du même opérateur et on la recharge en "kiosque" à tous les coins de rue !

Le marché de la téléphonie mobile à Madagascar se porte super bien et les trois principaux opérateurs qui se partagent le marché rivalisent d’offres : Telma, Orange et Airtel.

D’après cette même agence ecofin, le taux de pénétration était de 44% en 2011 et de 51% en janvier 2013. Un malgache sur deux posséderait un téléphone, des antiquités quelquefois certes, mais il y a de plus en plus de téléphones multifonctions, avec Internet. L’Internet mobile est vraiment le secteur en plein boom, comme de partout mais avec encore plus de résonnance ici.

Les recharges et cartes prépayées fonctionnent à fond car l’abonnement reste très cher pour la population : chaque « épicerie » en vend, et elles font l’objet d’un commerce à part entière, sous forme de « stands » dédiés à cela au bord de la route. J’adore cette pub sur tissu jaune fluo « 2 toi à moi », si vous arrivez à la voir car c'est tout petit !

Et pour ceux qui n’ont ni appareil, ni carte, il existe des stands « point phone », où l’on peut emprunter un téléphone (souvent fixé à un cordon pour éviter le vol) pour un appel. 100 Ariary l’appel est-il indiqué, mais cela varie selon l’opérateur et le temps passé, la grille tarifaire fluctue et bien-sûr n’est pas souvent affichée.


Avec tout cela, inutile de dire que les cabines téléphoniques ne servent plus à rien, déjà qu’il n’y en avait pas beaucoup. D’ailleurs elles ne marchent plus du tout même si elles restent en place, comme ailleurs. Enfin, ce qui n’a pas pu être arraché pour resservir. Je n’ai pas réussi à en prendre en photo, nous sommes passés trop rapidement à côté de l’une des rares d’entre elles.

Autre aspect de la téléphonie mobile en plein boom ici (et en Afrique), c’est le paiement via le téléphone portable
En effet, comme très peu de personnes disposent d’un compte en banque car cela revient excessivement cher, payer via son portable se révèle alors une excellente option, même s’il y des frais qui, mis bout à bout, doivent bien finir par compter tout de même. D'autant qu'après un certain délais de non-utilisation, ces sommes sont perdues pour l'utilisateur, mais bel et bien gagnées pour l'opérateur... Les particuliers peuvent payer leurs factures d’eau/électricité ainsi, et les entreprises peuvent rémunérer leurs employés par ce moyen-là. Les produits MVola de chez Telma ou Orange money ou Airtel money font donc fureur.

MVola s'est même introduit (totalement involontairement) jusque dans l'école avec la distribution des bonbons par le père Noël ce mardi ;)

Ainsi, comme en Europe ou ailleurs dans le monde, il devrait y avoir quelques smart-phones sous les sapins ici aussi !

Tout ceci m’offre une belle transition pour vous souhaiter à tous de très belles fêtes, un joyeux Noël et une bonne nouvelle année !


« Mirari feti stambatra », « arahabaina tratry ny Krismasy » et « Arahaba tratry ny taona » !

jeudi 12 décembre 2013

Maisons comme supports publicitaires


·      Un nouveau post avec plein de photos grâce aux embouteillages !

   Il y a peu de panneaux publicitaires ici, le matériel étant vite récupéré pour être refondu et réutilisé pour des usages plus domestiques ou destinés à la vente aux touristes (marmite et ustensiles de cuisine). Les panneaux de circulation subissent le même sort par ailleurs, comme tout ce qui est métallique ! C’est pourquoi, quand il y en a, on trouve des panneaux en ciment ou en bois. 
(


Bref, pub et panneaux de circulation sont liés, vous comprendrez cela dans quelques lignes.

Mais les pub sont malgré tout bien présentes, essentiellement sous forme de maisons peintes aux couleurs du produit. Cela concerne bien-sûr les maisons en bord de route ou à l’angle de deux routes, plutôt fréquentées, et les produits concernés sont essentiellement d’ordre alimentaire car ce sont des biens accessibles à tous et qui parlent au plus grand nombre, même aux plus petits portefeuilles.



Ces pub sont la plupart du temps peintes à la main, un vrai travail d’artiste qui prend en compte le relief de l’habitation. Ce sont des équipes spécialisées (pour une société, par exemple la société Asa Kanto – info prises ici - pour le groupe STAR, qui distribue la plupart des boissons à Mada) qui font se boulot et se déplacent dans le pays au gré des demandes. Chaque membre de l’équipe a sa spécialité : le coloriste pour mélanger les couleurs et obtenir les bons tons, un autre travaille le fond, un autre le lettrage, un autre l’image… Le propriétaire reçoit un dédommagement de la part de la société (il est évoqué ici la somme de 1,5 million d’Ariary annuel pour une pub de boisson, soit 500 euros), et sa maison est toute pimpante (on dit qu’il faut la renouveler au bout de 2 ans en moyenne, l’humidité abimant très vite tout cela).



Three Horse Beer, la bière locale
Au final cela donne de la couleur et de la gaîté, et réserve de belles surprises, par exemple avec la pub de « la Vache qui rit » que l’on ne voit guère plus en France.

Etant donné la quasi absence de panneaux indicateurs des directions, ces pub sont aussi très pratiques en servant de repères pour s’y retrouver et savoir où tourner : je sais que c’est à cette pub/maison qu’il faut tourner pour la descente qui permet d’éviter l’embouteillage de la pharmacie, tel embranchement est à telle pub et ainsi de suite.


Rigolez mais c’est plus que vrai ici, surtout au début quand on ne connait pas du tout les noms des directions et des différents quartiers traversés ! 
Certains pilones électriques jouent ce même rôle aussi (n'est-ce pas Céline ?) …


Divers (classiques) petits désagréments


J’ai souvent parlé des embouteillages de Tana, le mois de décembre étant réputé comme le pire de l’année sur ce point : certains ont mis mardi dernier jusque 3h pour faire la dizaine de km qui relient Ambohibao, chez nous, au centre de Tana…
L’avantage, c’est que du coup on a le temps d’observer et de prendre des photos !
Sur celle-ci un bon aperçu d’un embouteillage classique sur une route secondaire, avec la charrette à zébu en avant, un chargement hétéroclite et le camion devant nous.

Mais manquent sur ce cliché les vélos, piétons, et les chariots bien particuliers comme ceux-ci pris en photo vides et au repos. Les charges portées sur ces chariots sont impressionnantes, et cela dans des montées quelquefois très raides.

Sinon voici « le » point noir enfin dégagé sur la route de la digue : une canalisation séparant les 2 rizières attendait d’être réparée depuis le mois de juin, c’est enfin chose faîte ! On passait facilement 30mn juste pour le ralentissement qu’induisaient ces travaux… A l’arrière on voit le bouchon sur la déviation, car la route n’avait pas encore été réouverte.
Bon le relais est pris depuis, car c’est dans le quartier de 67 hectares que des travaux sont entrepris désormais, en pleine saison des pluies : c’est un accès important au centre et cela contribue lourdement à allonger le temps de transport car les contournements ne sont pas aisés.
Et avec la saison des pluies, l’état des routes ne s’améliore pas du tout : celle derrière chez nous que beaucoup empruntent (y compris nous bien-sûr) pour éviter le bouchon de la pharmacie d’Ambohibao, se détériore à vitesse grand V, les trous sont de plus en plus impressionnants, et cela secoue pas mal à leur passage.
J’ai découvert que les personnes mains tendues entre les voitures, avec leur sac de terre/cailloux au bras, n’étaient pas suicidaires du tout mais demandaient en fait aux automobilistes de donner un peu d'argent pour combler les trous avec de la terre ou des graviers, tant la voirie/mairie brille par son inaction…
Nous n’avons donc pas été étonnés ce mercredi, férié, de voir que cet éboulement proche de la maison s’était amplifié depuis la dernière fois, et qu’apparemment rien ne sera fait jusqu’à ce que ce soit vraiment bloqué.

Autre chapitre sur la route, les « taxi be », ou bus collectifs desservant Tana et ses environs, en général blancs avec une bande rouge tout le long du véhicule. Chaque trajet coûte 400 Ariary (0,133 euros), prix qui a été doublé en septembre dernier. Il existe beaucoup de lignes, chacune ayant des arrêts précis, normalement, mais l’arrêt se fait plus ou moins sur demande et donc de manière sauvage, quasiment toujours sans clignotant bien-sûr. Selon les embouteillages certains modifient leur parcours, ce qui donne lieu à des empoignades car évidemment les clients ne sont pas forcément prévenus à temps et sont débarqués n’importe où. Ils roulent n’importe comment (il se dit que lorsque le chauffeur est trop ivre c’est le receveur, qui ne sait pas conduire, qui prend le volant) : à la lecture quasi-quotidienne des journaux, les taxi-be sont responsables de beaucoup d’accidents mortels avec d’autres véhicules ou des cyclistes/piétons… Il n’est pas rare de les voir se doubler alors qu’ils n’ont aucune visibilité, tout cela pour être le premier à l’arrêt suivant et récupérer plus de monde…


Le receveur est à l’arrière du véhicule, il fait payer et monter les gens, quelquefois alors que le véhicule est déjà reparti. La porte arrière reste toujours entre-ouverte, grâce à une rustine de vélo qui l'empêche de claquer. Une planche est ajoutée dans l’allée entre les sièges pour ajouter quelques places. Je n’ai pas encore eu besoin de faire de trajet ainsi, à vrai dire ce n’est pas très réputé, mais je le ferai un jour pour l’expérience. Achille les a surnommé les « taxi bazar », ce qu’a beaucoup apprécié notre chauffeur qui ne les aime pas du tout, bien que les empruntant lui-même par nécessité.
Le taxi-brousse relie lui différents points dans toute l’île : il y a 4 gares routières à Tana où le bazar est sans nom car se retrouvent les taxis individuels (4L ou 2CV couleur crème), les  taxis be et les taxis brousse en attente pour partir à l’extérieur. Ceux-là ne partent qu’une fois pleins, l’heure de départ est donc complètement aléatoire, il ne faut pas être pressé.
Une dernière, plus légère, sur (pour ?) la route : le nombre de voiture/camion qui crachent une épaisse fumée noire, poussant quelquefois à fermer les fenêtres en quatrième vitesse pour ne pas être asphyxiés !

Bref, il y a tant à faire pour l'entretien des routes, comme pour celui des véhicules...

Dans un autre genre, les violents orages du soir se traduisent par de grandes coupures d’électricité dans la journée du lendemain. Les quelques supermarchés ont tous un groupe électrogène, sauf qu’à force d’être utilisé, celui-ci chauffe et ne fonctionne plus, comme dans ce supermarché ce 9 décembre.
Drôle d’ambiance que de faire ses courses dans le noir !
La fraîcheur des articles ? Pas de problème, on rabat des rideaux en matière des sacs isothermes et on espère que le groupe sera vite réparé ! 
J’avoue que je n’ai pas pris de viande ce jour-là…
Et arrivée à la caisse, on revient à la bonne vieille liste manuscrite, avec 3 employés qui faisaient le va et vient pour indiquer les prix des différents articles, et le total est fait à la calculette. C’était un peu long pour ma part car je n’avais pas que 10 articles !

Merci pour ces photos à Hanta, avec qui je faisais les courses, alors que je n’avais pas mon appareil pour une fois.

Mais bon, tout cela ne sont que de petits tracas dont on s'accommode plus ou moins facilement selon les jours, on relativise bien quand on voit les conditions dans lesquelles vivent la plupart des gens, ou quand on lit ce genre d’articles : http://www.lexpressmada.com/hygiene-salubrite-embouteillages-madagascar/48829-etat-d-urgence-dans-la-capitale.html ou http://www.lexpressmada.com/5696/education-madagascar/48768-les-epp-privees-de-cantine-scolaire.html

A part cela, « tout va très bien, Madame la Marquise », hier au soir était tiré un coûteux feu d’artifice au-dessus du lac Anosy, devenu poubelle géante donc, pour célébrer la Quatrième République  de Madagascar (proclamée le 11 décembre 2010)…