mercredi 15 janvier 2014

Atelier Raphia

Reprenons donc à notre arrivée à l’atelier Marie Rabane MIS (Madagascar Industrie Service), pendant que les souvenirs sont encore frais d'hier !
Nous avons pu bénéficier de la visite complète de l’atelier car Michel, le compagnon de Marie, est une bonne connaissance de Céline, qui nous guidait.
Rentrons donc dans le cœur du sujet, Madagascar a tout de même le quasi-monopole mondial du commerce du raphia, même si cela reste difficilement quantifiable !
La rabane, c’est en fait un rouleau de raphia tissé d’une largeur de 1,20 à 1,65 mètres. On la colorie et taille dedans à volonté pour faire de multiples objets.
Mais au fait, c’est quoi le raphia exactement ?
Mèches de raphia naturel
Raphia et rabanes
Le mot est d’origine malgache, attesté depuis 1652. C’est un type de palmier en fait, l'espèce Raphia farinifera, originaire de Madagascar, donne une fibre provenant de ses feuilles qui, par extension, porte le nom de raphia. Le raphia est une fibre textile très solide utilisée comme cordage, liens (pour tenir le greffon sur un arbre par exemple) ou comme tissu d'ameublement, pour des sacs, des vêtements… A Mada, les fibres de ses feuilles servent traditionnellement à confectionner le jabo-landy (pièce de costume traditionnel, en raphia et fil de soie ou fil synthétique aussi désormais) ou la rabane.
Entre l’élevage du palmier, la cueillette, le traitement et la transformation en panier, pochette ou set de table de votre maison, le travail est colossal, le savoir-faire à la fois ancestral incluant des techniques plus modernes, et le nombre d’intervenants très important. N’étant pas spécialiste du tout je ne vais en donner qu’un rapide aperçu, biaisé car n’ayant visité qu’un seul atelier pour le moment.
Voici une vue d’ensemble de l’atelier en question, refait à neuf il y a trois ans et où les conditions de travail sont irréprochables.
Pour ceux qui souhaitent développer, d’intéressantes explications sur l’histoire et l’utilisation du raphia peuvent être lues ici.
Un palmier peut être utilisé pour son raphia environ 5 ans après sa plantation. On utilise donc les fibres des feuilles du palmier (hampes) qui font chacune 14cm sur 2m environ. On compte environ 7 hampes par palmier (contre 10 à 11 il y a quelques années encore), il en faut donc une belle quantité pour faire une rabane de 1,65 x 60 cm, vendue en gros en rouleau de 50m. 
Le raphia est transporté rassemblé en mèches ou en torsades, natures ou colorées, cela donne des étals magnifiques. Je n’ai pas osé sortir mon appareil photo au marché du coma (prononcé coum) la dernière fois, pour vous donner une idée en voici une prise sur ce site

Mèches teintes au fond de l'atelier de Marie
 
Ici le raphia est teint dans une cuve qui est en fait un ancien alambic !
Il est ensuite étendu sur un fil pour sécher, à l’ombre (la fibre est moins bonne si elle sèche au soleil). 
La rabane, une fois teinte, est aussi étendue pour être séchée avant découpage.

Cette rabane fushia servira de base pour orner les côté d'une maisonnette-boîte de rangement
Coloré, découpé, collé, repassé, des sujets cousus main au-dessus, voici en image quelques unes des étapes de sa transformation.




Le propriétaire nous assure que c'est vraiment la position favorite de ses brodeuses, sans table ou chaise
Les boîtes de rangement en forme de maisonnettes ou trains/camions sont magnifiques, elles ne sont pas assemblées ici, seuls les motifs sont faits dans cet atelier, puis collés ou cousus ailleurs sur des cartons avant de revenir à l'atelier en attendant le regroupement dans un conteneur.


On peut enfin lui ajouter d’autres matières, comme des feuilles de bananier, des clous de girofle… ou comme sur cette pochette en recyclant les fils de cassettes vidéo !

Et ensuite les finitions, fermeture éclair, anses en cuir, boucles en corne de zébu polie… L'imagination est sans limite et le stock de tout cela est minutieux et impressionnant, 


les tuyaux trouvant aussi une nouvelle vie ici ! La difficulté est de trouver suffisamment d’exemplaires du même accessoire pour pouvoir réaliser les 250 pièces commandées, par exemple.

La fibre peut aussi être directement travaillée avec le crochet, cela lui donne un autre aspect mais je m'aperçois que je n'en ai pas pris en photo !

Cet atelier produit à 95% pour un grossiste danois qui revend ensuite partout en Europe. Le reste est écoulé dans son show-room ainsi que dans divers lieux d’exposition à Tana.

Show room de Marie Rabane

Vous l’aurez donc compris, il y a largement de quoi se faire et faire plaisir !

D’autres fibres peuvent aussi être colorées et tressées, comme le sisal (sorte de gros cactus originaire du Mexique qui se plaît très bien ici), la paille de riz, joncs, bambous ou roseaux, mais je ne sais pas si je pourrais visiter un atelier de chacune de ces matières !


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