Reprenons donc à notre arrivée à l’atelier Marie
Rabane MIS (Madagascar Industrie Service), pendant que les souvenirs sont
encore frais d'hier !
Nous avons pu bénéficier de la visite complète de
l’atelier car Michel, le compagnon de Marie, est une bonne connaissance de
Céline, qui nous guidait.
Rentrons donc dans le cœur du sujet, Madagascar a tout
de même le quasi-monopole mondial du commerce du raphia, même si cela reste difficilement quantifiable !
La rabane, c’est en fait un rouleau de raphia
tissé d’une largeur de 1,20 à 1,65 mètres. On la colorie et taille dedans à
volonté pour faire de multiples objets.
Mais au fait, c’est quoi le raphia
exactement ?
Mèches de raphia naturel |
Raphia et rabanes |
Le mot est d’origine malgache, attesté depuis
1652. C’est un type de palmier en fait, l'espèce Raphia
farinifera, originaire de Madagascar, donne une fibre provenant
de ses feuilles qui, par extension, porte le nom de raphia. Le raphia est une
fibre textile très solide utilisée comme cordage, liens (pour tenir le greffon
sur un arbre par exemple) ou comme tissu d'ameublement, pour des sacs, des vêtements… A Mada, les fibres de
ses feuilles servent traditionnellement à confectionner le jabo-landy
(pièce de costume traditionnel, en raphia et fil de soie ou fil synthétique
aussi désormais) ou la rabane.
Entre l’élevage du
palmier, la cueillette, le traitement et la transformation en panier, pochette
ou set de table de votre maison, le travail est colossal, le savoir-faire à la
fois ancestral incluant des techniques plus modernes, et le nombre d’intervenants très important. N’étant pas
spécialiste du tout je ne vais en donner qu’un rapide aperçu, biaisé car
n’ayant visité qu’un seul atelier pour le moment.
Voici une vue
d’ensemble de l’atelier en question, refait à neuf il y a trois ans et où les conditions de travail sont irréprochables.
Pour ceux qui souhaitent développer, d’intéressantes explications sur l’histoire et l’utilisation du
raphia peuvent être lues ici.
Un palmier peut
être utilisé pour son raphia environ 5 ans après sa plantation. On utilise donc
les fibres des feuilles du palmier (hampes) qui font chacune 14cm sur 2m
environ. On compte environ 7 hampes par palmier (contre 10 à 11 il y a quelques années encore), il en faut donc une belle
quantité pour faire une rabane de 1,65 x 60 cm, vendue en gros en rouleau de
50m.
Le raphia est transporté rassemblé en
mèches ou en torsades, natures ou colorées, cela donne des étals magnifiques. Je
n’ai pas osé sortir mon appareil photo au marché du coma (prononcé coum) la
dernière fois, pour vous donner une idée en voici une prise sur ce site
Mèches teintes au fond de l'atelier de Marie |
Ici le raphia est
teint dans une cuve qui est en fait un ancien alambic !
Il est
ensuite étendu sur un fil pour sécher, à l’ombre (la fibre est moins bonne si
elle sèche au soleil).
La rabane, une fois teinte, est aussi étendue pour être
séchée avant découpage.
Cette rabane fushia servira de base pour orner les côté d'une maisonnette-boîte de rangement |
Coloré, découpé,
collé, repassé, des sujets cousus main au-dessus, voici en image quelques unes des
étapes de sa transformation.
Le propriétaire nous assure que c'est vraiment la position favorite de ses brodeuses, sans table ou chaise |
On peut enfin lui
ajouter d’autres matières, comme des feuilles de bananier, des
clous de girofle… ou comme sur cette pochette en recyclant les
fils de cassettes vidéo !
Et ensuite les finitions, fermeture éclair, anses en cuir, boucles en corne de zébu polie… L'imagination est sans limite et le stock de tout
cela est minutieux et impressionnant,
les tuyaux trouvant aussi une nouvelle
vie ici ! La difficulté est de trouver suffisamment d’exemplaires du
même accessoire pour pouvoir réaliser les 250 pièces commandées, par exemple.
La fibre peut aussi
être directement travaillée avec le crochet, cela lui donne un autre aspect mais je m'aperçois que je n'en ai pas pris en photo !
Cet atelier produit
à 95% pour un grossiste danois qui revend ensuite partout en Europe. Le reste
est écoulé dans son show-room ainsi que dans divers lieux d’exposition à Tana.
Show room de Marie Rabane |
Vous l’aurez donc compris, il y a largement de quoi se faire et faire
plaisir !
D’autres fibres
peuvent aussi être colorées et tressées, comme le sisal (sorte de gros cactus
originaire du Mexique qui se plaît très bien ici), la paille de riz, joncs,
bambous ou roseaux, mais je ne sais pas si je pourrais visiter un atelier de chacune
de ces matières !
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