Reprenons…
Le paysage change ai-je
dit, et l’habitat aussi : progressivement, les hautes maisons en briques
rouges sont remplacées par des habitations basses en torchis, nous quittons
l’ethnie des Betsileo pour les Bara, avant de rejoindre les Vezo sur la côte à
Tuléar où ce seront les cases qui prendront le relais.
Petite halte déjeuner
et ballade au site écotouristique d’Anja à Ambalavao : nous allons de
nouveau à la rencontre de nombreux et beaux lémuriens et sommes impressionnés
par leurs cris d’alerte à l’approche des rapaces, leurs principaux prédateurs.
Nous allons jusqu’aux
grottes où les lémuriens se réfugient la nuit, et les enfants se défoulent bien
sur un gros rocher en forme de semi-pyramide.
Et un autre beau caméléon |
Nous reprenons la route
qui se transforme franchement, nous pouvons faire des pointes à 100km car c’est
quasi tout droit et il n’y a presque plus de trous ! Le paysage est de
plus en plus sec,
Notre arrivée dans
l’Isalo, surnommé le « Colorado malgache » se fait sous un temps gris
et avec une petite bruine, mais nous restons confiants pour la suite.
Le parc national de
l’Isalo est un immense massif de grès érodé datant du Jurassique (135 à 205
millions d’années) et qui s’étend sur près de 82.000 hectares, avec un relief
« ruiniforme », du mot ruine donc, pas très haut mais imposant.
Nous nous arrêtons pour
3 nuits au Relais de la Reine, hôtel magnifique aux bâtiments en grès qui se
fondent dans le décor.
Les chambres sont
superbes mais pour 2, les enfants ont la leur et en sont tout surpris :
ils sont tellement crevés qu’ils s’endorment finalement vite en ne venant nous
voir qu’une seule fois pour vérifier que tout va bien !
Après un délicieux
petit-déjeuner, nous nous rendons au bureau des guides au village de Ranohira
et commençons notre ascension à la piscine naturelle puis la piscine noire.
Il faut marcher le long
du ruisseau et les enfants ne tardent pas à avoir les chaussures trempées, tout
comme nous d’ailleurs.
Il fait un peu frais mais les enfants et moi ne résistons pas à une petite baignade tant l’eau est belle.
La piscine noire tente moins les enfants, ne pas voir le fond les chagrine. Je ne m’aventure pas non plus, ayant un peu froid.
Une autre cascade nous
attend, mais Ottavio décide que nous avons suffisamment marché et le fait bien
savoir ;), nous ne nous attardons donc pas !
Pause déjeuner sympathique à l’Isalo Ranch. Crevés, les enfants ne se baignent même pas dans la piscine !
En fait ils se sont
réservés pour celle de notre hôtel, où la famille se détend le reste de
l’après-midi. Il faut s’économiser, c’est que la journée suivante sera bien
sportive…
Nous déposons Ottavio
au centre équestre pour une ballade à cheval, et nous 3 nous équipons en
casques et baudriers pour aller à l’assaut de la via Ferrata qui a été aménagée
sur les blocs de rochers près de l’hôtel. Achille a quelques appréhensions mais
se débrouille finalement très bien, ce fut un vrai régal et cela m’a donné
envie de me remettre à l’escalade !
Lors de l’ascension, notre guide nous explique que, dans les anfractuosités de la paroi, sont déposés les corps des défunts des villages environnants, bien souvent au péril des vivants. Il faut dire aussi que ceux qui grimpent déposer les corps n’ont en général pas bu que de l’eau.
Sitôt la pause
déjeuner, nous repartons en famille pour une petite ballade à pied autour de
l’hôtel, paysages magnifiques encore.
A peine rentrés,
Achille et moi repartons en VTT à une petite grotte puis le lac aux croco, mais
le vélo d’Achille n’étant pas du tout adapté à son âge, nous devons renoncer
après la grotte, au demeurant assez sale avec nos yeux d’européens car les
offrandes traînent ça et là : miel coulant à même le sol, canettes ou
bouteilles en plastique, morceaux de bougies…
Repos bien mérité le
soir…
Nous reprenons notre
dernière longue portion de route, destination Tuléar et Ifaty sur la côte,
environ 4h pour 240km.
A une quinzaine de km de l’hôtel, nous approchons
de la ville « nouvelle » Ilakaka (qui vient de faire l’objet d’un reportage d’Arte (je ne l’ai pas encore visionné, trop lent à
télécharger, mais merci pour l’info SM) : fin 1998, un important filon de
saphirs a été découvert, transformant en quelques mois ce petit village d’une
dizaine de maisons en une ville tentaculaire horizontale le long de la route,
de 20 à 50 000 habitants se dit-il, mais personne ne sait exactement en fait.
Je ne suis déjà pas fan des pierres précieuses en
général, je n’insiste donc pas pour nous arrêter, d’autant que les conditions dans lesquelles ces pierres sont extraites ne donnent pas du tout envie, même s’il
paraît que cela s’est amélioré. Le climat malgré tout ne paraît pas franchement sain, nous nous faisons d’ailleurs arrêter 3 fois par la police en 10km pour
un contrôle de papiers (du véhicule, cartes de résident, passeports, tout) :
tous attendent la « taxe touristique » mais comme nous patientons
tranquillement cela passe. Il n’est pas conseillé d’acheter ses pierres là-bas,
le racket à peine plus loin est quasi certain.
Au final, le saphir rapporte peu aux populations
locales pour un travail très pénible et dangereux (les éboulements des galeries sont
nombreux), tout en faisant augmenter les prix des denrées de base sur place. Thaïlande,
Sri Lanka, Etats-Unis ou Afrique du Sud sont les pays d’où sont originaires les
acheteurs qui sont de vrais professionnels, qui s’adressent aux mineurs,
tous malgaches, ne connaissant pas vraiment la valeur de leurs pierres brutes,
même si ce sera toujours plus qu’une récolte de parcelle de riz, c’est sûr.
Les règlements de compte et attaques sont
soi-disant moins nombreux que par le passé, mais il est tout de même fortement
déconseillé d’y dormir, voire de s’arrêter tout court.
Et franchement, la visite avec les enfants d’une mine non sécurisée
ne nous a pas tenté.
Bref, la route est toujours belle, nous profitons d'une pause pour photographier tout de même une des bornes kilométriques de cette fameuse nationale.
Nous sentons
franchement l’arrivée sur la mer, il fait vraiment chaud, la terre n’est
presque plus rouge mais sablonneuse, et les maisons ne sont plus que de simples cases en
branchages.
Ces cactus servent de barrière, on en voit aussi pour délimiter les cases ou même le chemin |
La ville de Tuléar n’a pas beaucoup d’attraits,
pas de beaux bâtiments, même décrépis, juste un carrefour où s’échouer pour certains.
Nous nous arrêtons pour déjeuner au Corto Maltese, bistro rital à l’excellente
cuisine (Ramanana notre chauffeur ne varie pas, lui, de son plat malgache). Il
n’y a pas vraiment de plages à Tuléar même, vase et mangrove plutôt, pas très
attirant pour les enfants.
Direction donc les plages et les hôtels d’Ifaty, à
22km au nord de Tuléar, desservis par une piste plus ou moins correcte (30 à
45mn environ) qui longe la côte jusqu’à Morondava si on la poursuit (mais son
état est nettement plus dégradé ensuite).
La piste est bonne ici et très fréquentée |
Nous arrivons enfin à notre hôtel paradisiaque, le
bien-nommé « Paradisier ».
Nous avons juste le temps de nous tremper dans
l’eau chaude de la mer et de la piscine avant que l’orage n’arrive.
Réfugiés dans notre beau bungalow, nous ne tardons
pas à nous apercevoir que le style local luxueux, certes très joli, revêt un bon inconvénient : ses
aérations permettent aux cafards (maousses) de venir se réfugier au sec (hey, pas fous les bestiaux !) : ils sont nombreux et grimpent de partout ! C’est une invasion
dont se souviendront de nouveau les enfants, après les criquets, pendant un
certain temps ! La moustiquaire ne sert pas que contre les
moustiques et, ce soir-là, personne ne se relève de son lit une fois couché de
peur de faire une seule petite ouverture dans la toile… Et encore, ce n’est
sans doute qu’une petite partie de tous les indésirables existants dans les
environs !
La journée du lendemain, notre avant-dernière, est
consacrée au farniente, entre plage et piscine, trop dur.
Le samedi 4 mars, notre avion ne doit décoller
qu’en début d’après-midi, Ramanana nous dépose et prend ensuite la route pour
rentrer en finalement seulement 2 jours sur Tana.
Nous profitons donc de la dernière matinée pour
faire une petite sortie en mer en « snorkeling ». Un vrai régal en famille et une grande première
pour Ottavio qui s’est débrouillé comme un chef. Une première finalement aussi
pour Achille car il n’avait pas vraiment pu le faire la dernière fois, la mer
était trop agitée. Tous deux ont toutefois préféré leurs lunettes de piscine,
trop difficile de dompter le tuba.
Le courant dans le lagon reste malgré tout fort et nous
ne nous attardons pas trop, d’autant qu’Ottavio commence à se plaindre de maux
de ventre, le début de ce qui se révélera être une très grosse gastro par la
suite, dont il se remet encore (bien plus tard encore nous comprendrons qu'il s'agissait de la bilharziose).
L’aéroport de Tuléar paraît bien neuf, mais son
tableau d’affichage des vols ne doit pas encore être opérationnel, ou alors
c’est du « vintage » !
Nous ne sommes pas les seuls à attendre l’avion :
le ministre de la culture et des télécommunications est dedans (au moins nous
sommes sûrs que l’avion arrivera bien) et un comité d’accueil se met en place à
l’extérieur, l’afflux des personnes est impressionnant.
Il fait une forte chaleur dans la salle d’attente
et je pense qu’Ottavio approche les 40° en fièvre, mais tous mes médicaments
sont partis vers les soutes… Il attendra 19h30 pour avoir du Doliprane,
contribuant sans doute à son début de déshydratation…
En vol, très vite nous atteignons les nuages de
pluie, il ne nous faut que 2h15 pour faire ces 1000km. Le survol des environs
de Tana nous indique que la pluie n’a pas cessée un seul jour depuis notre
départ, et ne cessera ensuite que vers le 20 mars…
Conséquences : toutes ces tentes des
sinistrés, dont la plupart sont encore là aujourd'hui car le niveau baisse lentement, « welcome back »…
Prochains récits d’escapades : Antongona et
Anjozorobe !
A bientôt !
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