Afin de commencer à nous préparer activement à
l’UTOP (Ultra Trail des Ô plateaux), nous avons organisé successivement 2 w-e
sportifs : Antongona, sur une journée, et Anjozorobe, sur 3 jours.
Antongona est une des collines sacrées du grand
Tana, Rova fortifié sur un beau promontoire de granite (environ 40km à l’ouest
de Tana centre) : un peu plus d’1h de route pour sortir de la ville quand
cela roule bien, puis 45mn pour 7km de piste (15 jours plus tôt elle aurait été
impraticable car trop boueuse), 2h de marche A/R et 205 mètres de dénivelé.
Photos aériennes provenant de ce site , dont je me suis en partie inspirée pour mon texte |
Le site, habité du XVIè au XVIIIè siècle, a été
proposé au patrimoine mondial de l’Unesco en 1997 mais je n’ai pas bien compris
s’il était vraiment inscrit sur la liste ou non, il fait partie des « listes indicatives ».
Bref, les maisons actuelles ont été aménagées dans
les années 1980 selon le style traditionnel d’autres maisons royales conservées
ailleurs : les 2 au sommet, à 1515m d’altitude, font office de petit musée
(photos interdites à l’intérieur), et une autre un peu plus bas sert de maison
au gardien des lieux. On voit du sommet une autre plateforme, à 1406m
d’altitude, où il y avait aussi un village.
Photo du 2è promontoire vu depuis le 1er |
Des fossés défensifs avaient été creusés, ils sont
désormais cultivés mais sont toujours bien visibles ; et dès que l’on
commence l’ascension des promontoires, il y a encore toute une succession de
murailles en pierres sèches et des portails de pierres qui attestent de
l’aspect défensif du site.
En effet, au sommet on a une vue à 360°, de quoi
voir l’ennemi de loin !
Mais cela n’aura pas suffit puisque le site a tout
de même été détruit lors des luttes régionales (mais quand précisément ?).
Je reprends ici l’anecdote de ce site, d’où sont tirées les 2 photos aériennes
du début de cet article : « “Efa ho lava ny
Afon’Antongona” (On en a assez des feux d’Antongona !) Car le fait d’allumer un
feu au sommet prévenait les gens des plaines d’un danger imminent. Mais à force
de demander du secours inutilement, le village fut réellement attaqué et
détruit. »
Le sommet est assez bien « sécurisé »,
avec des barrières : on pourrait presque y emmener des scolaires si ce
n’était cette piste défoncée où un bus aurait trop de mal à passer. Dommage car
cela est relativement proche…
La vue est superbe, on voit jusque Ambohidratrimo,
le Rova qui est presque chez nous !
Au loin, les mosaïques des rizières sont bien
nettes, et en contrebas on distingue nettement un “tamboho” circulaire
ou parc à bœufs.
Notre groupe de 21 personnes (de 2 ans et demi à
la cinquantaine, et tous nos « petits » ont bien marché) ne passe pas
inaperçu auprès des villageois : ce sont aussi 5 voitures à garder
moyennant une petite somme à partager.
Nous pique-niquons non loin des voitures, et alors
que nous repartons, je constate, effarée, que nous laissons derrière nous les
bouteilles de verre et de plastique en tas : je m’en inquiète auprès de nos
amies malgaches qui me répondent que cela est convenu aussi avec les gens du
village. Ils sont contents de les récupérer pour leur usage personnel ou pour
les revendre : la bouteille d’eau vide vaut 100 Ar (0,03 centimes d’euro -
un mofo-gasy, petit gâteau au riz, vaut environ 300 Ar pour vous donner une
idée).
Nous repartons ravis de notre escapade en tout
début d’après-midi et, pour tenir la
promesse faîte aux enfants, nous terminons la journée à la piscine de La Rôtisserie
à Ivato plutôt qu’à celle des Hérons initialement envisagée, par crainte des embouteillages.
Nous enchaînons donc
sur le w-e de Pâques, où nous avons poussé un peu plus loin, à 90km de Tana,
Anjozorobe, au Saha Forest Camp, soit 3h de chez nous.
Le site vante le fait
d’être au cœur de la forêt primaire mais il serait plus exact de dire
« en bordure », la forêt à proximité immédiate a largement déjà été
coupée une ou deux fois, il faut donc marcher plusieurs heures avant de
vraiment trouver ladite forêt primaire, ce que nous n’avons pas fait avec nos
petits. Nous n’avons donc vu aucun lémurien cette fois, en même temps nous
étions sans doute un peu trop nombreux aussi pour les voir, ils devaient
repérer notre troupeau de loin et fuir ! Il faut aussi reconnaître que les
animaux ici ne sont pas « incités » à rester à proximité, il n’y a pas
de « rabatteur » qui les dirige près des groupes en les
attirant avec de la nourriture.
Le Saha Forest Camp se fond bien dans le décor : le restaurant terrasse domine la rizière et les chambres sont plus haut dans la forêt. Ce sont en fait des semi-tentes : plancher et sanitaires en dur, murs et sous la charpente en toile : on sent bien la fraicheur de la nuit et du matin !
Avec la ballade
nocturne, à défaut de voir le tout petit lémurien nocturne « microcèbe »,
nous avons vu plein de minuscules caméléons très verts, « kely-kely »
(petit-petit) comme le disait le guide, appartenant je pense au genre
« brookesia ».
Pour ma dernière
ballade, j’ai fait confiance à Achille notre aîné pour nous guider puisqu’il
venait de faire la même ballade le matin : il était ok mais a précisé
qu’après la forêt il aurait sans doute du mal dans la rizière. Et lorsqu’il a
douté, j’ai horriblement douté aussi : je commençais à me dire que nous n’avions
qu’un téléphone inutile puisque sans réseau, plus aucun repère pour indiquer où nous étions,
que nous n’avions même pas une lampe de poche, aucun gilet (il était 16h15 et
il fait nuit à 18h, et il fait froid la nuit), rien à manger… C’est fou comme
les rizières se ressemblent en fond de vallée, avec de multiples bras, tout a absolument
l’air identique ! Heureusement nous avons pris le bon bras et fini par
reconnaître rapidement des éléments et arriver au parking et donc sur le bon
chemin du lodge…
Nous repartons le
lundi de Pâques après le petit-déjeuner afin d’éviter les embouteillages :
les routes sont déjà très encombrées par les piétons qui vont pique-niquer.
Nous décidons de couper par les rizières grâce à nos amis qui connaissent cette route, où le 4x4 est encore plus indispensable.
Nous arrivons ainsi
derrière l’aéroport, où la foule est impressionnante : les gens viennent
pique-niquer et voir les quelques avions décoller et atterrir.
On dirait que l’on a
du mal à se quitter, ou bien est-ce la flemme de faire à manger, et le fait que
nous nous étions répartis des sacs là où il y avait plus de place, mais nous
finissons de nouveau à la Rôtisserie, sans maillots de bain mais pour déjeuner
cette fois !
Et ce w-e c'était le vide-grenier à l'école, organisé par notre association
Bises à tous et à la
prochaine !