Nous partons ce samedi 28 février aux petites
heures pour rejoindre la route nationale la plus connue de Madagascar, la RN7 :
près de 1000km pour passer de 1300m d’altitude au niveau de la mer.
L’incertitude plane, on nous annonçait un pont
coupé à destination, et surtout, la veille, suite aux fortes pluies de ces 2
derniers mois, une digue a lâché, des éboulements et glissements de terrain ont
fait plusieurs morts, et les photos circulant n’étaient guère encourageantes (l’une
d’elle montrant Behenjy, à la sortie de Tana sur le début de la RN7, sous les
eaux…). La capitale connaît depuis 2 mois de fortes pluies incessantes et
inhabituelles.
Heureusement pour nous, cette nuit-là il n’a pas
plu une seule goutte, l’eau s’est au moins retirée des routes à défaut des
maisons.
Voici 2 photos d'à peu près le même endroit, à la
sortie de Tana, Tanjombato, le long de l’Ikopa : maintenant les fours à briques ne
sont presque plus visibles :
Certes la 1ère photo est durant la saison sèche (septembre 2013), mais cela donne
une idée.
Nous sommes partis une semaine et il n’a pas cessé
de pleuvoir à Tana, cela fait seulement 2 jours de suite qu’il ne pleut
« que » le soir à l’heure où j’ai commencé à écrire ce récit (mais
cela s’est arrêté au jour où je publie heureusement) !
Autant dire que nous étions bien contents de
quitter cette drôle de ville, sa pluie, ses marmites sur les routes et ses affreux embouteillages !
Nous avons donc eu la version verte de la RN7 :
quelques mois plus tard et c’est la version jaune et rouge, voire noire avec
les feux de brousse.
Grâce à la Nautamine® découverte ici, pas de
malades dans la voiture, ouf : la route est sacrément sinueuse, sans
compter qu’il faut slalomer entre les trous tout en étant bien secoués car
impossible d’échapper à certains d’entre eux (jusqu’à Fianarantsoa en
gros) ! Nous sommes vraiment très contents d’avoir demandé au chauffeur de
l’entreprise de faire le voyage avec nous, cela change tout, nous sommes
beaucoup moins fatigués !
Rapide pause petit déjeuner à Antsirabe (à 170km
de Tana), où il serait agréable de s’arrêter plus longuement une nouvelle autre
fois. Quelques km avant Ambositra (à 90km d’Antsirabe), nous découvrons ce pont
cassé net, resté en l’état depuis 2008 nous dit-on. Il y en a néanmoins un
nouveau un peu plus loin.
Ambositra est un gros bourg qui réunit beaucoup de
monde, le samedi notamment, jour de marché. La « ville » et ses
environs sont surtout connus pour l’artisanat sur bois, mais on trouve de tout
bien-sûr. Nous visitons un atelier de sculpture où, comme dans d’autres
ateliers, la personne réalise un petit objet en deux temps trois mouvements
avec presque rien comme outil dans les mains.
Nous décidons ensuite de monter au Rova qui domine
la ville, annoncé proche dans les guides : en fait il
faut bien 30 à 45mn de piste et le 4x4 se révèle indispensable ! Mais la vue en
montant et sur place y est splendide.
Peu d’explications cependant, le gardien
des lieux est muet, nous comprenons à ses gestes qu’il nous demande des vêtements,
mais nos valises sont à l’hôtel…
Le soir nous avons la surprise de trouver au dîner
l’ancien trésorier de mon association à l’école : il a déménagé en fin
d’année scolaire et c’est donc un vrai plaisir de le retrouver et échanger des
nouvelles !
Nous reprenons la route le lendemain matin pour
faire un premier stop aux abondantes chutes d’Andriamamovoka et au parc
national Ranomafana (qui veut dire « eaux chaudes » : il y a des
bains au village à 7km du parc, mais nous ne nous y sommes pas arrêtés), où
nous faisons une petite marche pour nous dégourdir les jambes dans les restes
de la forêt humide primaire tout en apercevant quelques lémuriens dont on ne se
lasse pas. Ceci représente un petit détour sur la RN25 et 45, qui n’ont plus
que le nom de route nationale après le parc quelquefois… Mais il paraît que la
portion de la RN7 que nous évitons ainsi est encore pire.
Nous avons eu la chance de voir des « hapalemur
aureus » (doré), endémiques de ce parc et découverts en 1986
seulement : il grignote de jeunes pousses de bambou qu’il fait tomber au
fur et à mesure, gare à la tête !
la pousse de bambou dans la patte gauche |
Au passage, nous rencontrons un mini porc-épic ou
plutôt un « tenrec zébré » : très affairé à fouiller l’humus
pour trouver des vers et insectes, il se rend à peine compte de notre présence
et sursaute seulement quand on le touche, trop mignon ! Evidemment, son habitat se réduit, il commence donc à être menacé aussi, et comme en plus il est consommé par les populations...
Je découvre aussi l’arbuste et la fleur de
gingembre
Et nous restons scotchés par les champignons rouges comme ici, jaunes ou violets.
Ces lézards verts à queue bleue sont magnifiques.
En fin d’après-midi nous arrivons finalement au
Lac Hôtel à Sahambavy, à 20km à l’est de Fianarantsoa : idyllique, même
s’il fait vite frais.
J’adore l’ancienne cabine téléphonique oeuvre d'art !
Nous visitons le lendemain matin la seule
plantation de thé qui se trouve juste à côté et qui fournit le producteur
national TAF : 300 hectares d’arbustes à thé, que je vois aussi pour la
première fois. Seules les têtes sont récoltées, 2 fois par an. C’est un thé
noir assez fort.
Le thé est séché avec les ventilateurs, trié, puis
fumé, hâché finement (enfin, il y a différentes épaisseurs donc qualités). Je regrette vraiment
de ne pas avoir pris des notes tout de suite après la visite parce que,
forcément, 4 semaines après, j’ai oublié combien il fallait récolter de
feuilles pour faire un tonne de thé, quel est l’ordre exact des différentes
opérations, combien de personnes travaillent à plein temps sur l’exploitation…
Je me sens un peu nulle sur ce coup-là, désolée !
Nous nous arrêtons ensuite dans Fianarantsoa au
labo du célèbre photographe malgache Pierrot Men (lien vers portrait récent de La Croix pour ceux qui ne connaissent pas), qui saisit la vie quotidienne des
Malgaches comme nul autre, avec des contrastes parfois très forts. Certains
clichés, anciens, pourraient avoir été pris aujourd’hui.
C’est toujours le même labo malgré son succès
international depuis. Nous avons la chance de le rencontrer, il travaille sur
place en ce lundi matin : très gentil, il discute 5mn avec nous et
commente les photos que nous avons choisies.
Les troupeaux de zébus sont toujours très nombreux
sur la route, nous approchons d’Ambalavao qui est la plaque tournante de ce
commerce dans la région, mais aussi donc de son trafic avec les dahalo/voleurs
de zébus. C’est d’ailleurs en partie pourquoi il est désormais totalement
déconseillé de conduire après 17h.
Le paysage change, les rizières se font plus rares et de gros blocs apparaissent, l'Isalo n'est plus très loin (prononcez "Ichale"), la route devient rectiligne aussi, mais je m’arrête là dans l’immédiat car il faut maintenant charger les photos (c'est 5mn par photo ;( )...
A suivre !