« Le parc National d’Ankarafantsika constitue
une relique des formations denses sèches caducifoliées de l’ouest malgache »
annonce la brochure, c’est-à-dire que certains arbres perdent leurs feuilles en
saison sèche pour économiser l’eau, ce qui est assez rare à Mada et l’est de
plus en plus aussi sur la planète.
Le parc appartient à la région Boeny, comme
Majunga, et englobe dans ses 136 000 hectares une portion de la RN4 : il
est donc très pratique d’accès, à plus ou moins 2h de Majunga.
En nous rapprochant en 4x4 nous avons pu faire 3
petites balades sur la journée :
Le circuit des baobabs : une passerelle aménagée sur les rizières
asséchées nous fait bien comprendre que l’eau n’est pas encore arrivée au cas
où l’on en doutait encore. Elle débouche sur un petit pont suspendu au-dessus
d’un filet d’eau qui rejoint le lac plus loin. En saison des pluies, les
crocodiles du lac remontent jusque là nous dit-on, les enfants en
frémissent ! Il fait très chaud et nous sommes bien contents d’avoir pu
nous approcher au maximum : à la fin Ottavio ressemble à une tomate bien
mûre et le fait savoir ;). Nous découvrons alors 2 baobabs Adansonia boeniensis que l’on ne trouve
que dans cette région et qui sont les derniers à subsister (2 autres se sont
écroulés récemment). Ils sont très hauts, on se sent vraiment tout petits, et
ils disparaîtront bientôt de la terre, cela fait tout bizarre de se dire cela.
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On voit la souche d'un des baobab écroulé à droite |
Nous nous arrêtons ensuite quelques minutes pour
observer une ruche sauvage au creux d’un arbre, puis l’arbre à « vazahas »,
appelé ainsi car sa « peau » pêle, comme nous, les vazahas.
Pause déjeuner au restaurant du parc, puis re-4x4
pour traverser quelques km de brousse et nous approcher du grand "lavaka" ou canyon, façonné par l’érosion de la pluie et des vents,
érosion accélérée par l’absence de végétation désormais. Il est très impressionnant,
même si désormais on ne peut plus trop s’en approcher et encore moins y descendre
comme il fut un temps. Les couleurs sont superbes mais au final cela est plutôt
triste, car cela illustre encore plus mon avant-dernier article.
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Au loin un énième feu, il y en a même au sein du parc nous dit le guide... |
Retour au centre d’accueil et départ à pied cette
fois pour le lac Ravelobe tout proche et une balade en bateau autour des crocodiles.
La zone du parc représente un grand réservoir d’eau pour les plaines
environnantes, dont la plaine Marovoay, 2è grenier à riz du pays. Il y a
beaucoup d’écluses tout autour. Le lac pour l’heure est à son niveau le plus
bas, et les rives sont nettement envahies par les jacinthes d’eau, qui
repoussent toujours plus fort d’année en année. Il faut dire qu’il est assez
difficile d’aller les retirer quand on sait que 70 crocodiles au minimum sont
présents dans les eaux du lac. Il y a régulièrement des « accidents »
avec les pêcheurs, la prudence est donc de mise. Les enfants s’inquiètent à
juste titre de savoir si ces animaux réussissent à grimper dans l’embarcation…
C’est la première fois que nous voyons des croco
en liberté dans leur milieu naturel, ils ont l’air bien paisibles mais il ne
vaut mieux pas trop s’y fier.
Les jacinthes d’eau offrent toutefois un terrain
idéal aux oiseaux et notamment aux échassiers qui peuvent s’y fondre et pêcher
leur repas en toute quiétude, enfin lorsqu’ils ne sont pas eux-mêmes pris comme
repas par les reptiles en-dessous d’eux !
Nous voyons ainsi un héron en train d’essayer de
dégager son bec du poisson qu’il a « harponné » pour pouvoir le
manger, le poisson s'agite encore bien (plus pour très longtemps).
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A agrandir... |
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Un pêcheur prudent se tient prêt à harponner aussi un poisson, ou à repousser un croco ? On voit les jacinthes séchés encore haut derrière lui. |
Les villageois aux abords immédiats de l’entrée du
parc profitent aussi du parc, leurs étals colorés concentrés à cet endroit en
témoignent.
En fait, le parc est également géré avec les villageois, pour tenter une gestion durable des ressources naturelles du
parc. Malgré tout, il y a aussi des feux dans la zone protégée elle-même, les coutumes ont encore la belle vie…
Et hop un peu d’éducation sexuelle au passage !
Les agents du parc travaillent avec le Durell
Wildlife Conservation Trust pour l’élevage et la reproduction de deux espèces
de tortues menacées d’extinction, la Pyxis
planicauda et la très rare Geochelone
yniphora.
Nous avons choisi l’hébergement en bungalow tout
confort, juste au-dessus du lac : les enfants s’en réjouissent, ils
n’auraient pas beaucoup dormi sous une tente avec les croco à côté !
Ces petits trous au sol m’interpellaient : il
suffit d’attendre quelques minutes et l’on comprend alors. C’est un petit
insecte qui fabrique ainsi un piège redoutable : une petite fourmis glisse
dans le trou et hop, impossible d’en ressortir, l’animal caché en-dessous
l’agrippe fermement et l’emmène plus profond pour en faire son repas,
impressionnant ! C’est une espèce de puce des sables, pas très grosse, à
peine plus que sa proie en tout cas…
Nous n’avons pas vu de caméléons cette fois-ci,
juste des petits iguanes qui se fondent à l’écorce des arbres mais qui sont
très rapides dans leur fuite si l’on s’approche trop.
Mais depuis, je n’arrête pas de croiser des
caméléons : au club de loisirs, à la maison, sur la route… Il y en a même
un qui essayait de rentrer chez nous et qui a voulu faire de la trottinette !
Drôle d’animal, totalement inoffensif (enfin les enfants racontent qu’on leur a
dit qu’il ne fallait surtout pas que leur bave touche nos yeux, cela les
brûlerait : mouais, faudrait en être drôlement près tout de même), ces
petits animaux sont plutôt peureux et assez vulnérables, d’autant qu’ils ne
sont pas forcément très aimés : on leur prête des dons de voyance et ce
n’est donc pas très apprécié, les enfants leur jettent des cailloux, jusqu’à
les tuer, berk. Mais c’est surtout le trafic et la destruction de leur habitat
qui les rend encore plus vulnérables. Contrairement à ce que l’on croit, ils ne
changent pas de couleur pour se fondre dans l’environnement, mais pour traduire
des émotions (le désir de s’accoupler par exemple), défendre son territoire, donc
communiquer avec les autres ! Et aussi il n’utilise pas toute la palette
des couleurs, uniquement le blanc, jaune, rouge, bleu, vert et brun, ce qui est
déjà pas mal me direz-vous.
Vous l’aurez compris, je les trouve fascinants,
j’aime bien les observer avancer en marche saccadée, tout en reculant
légèrement.
Pour revenir et terminer sur notre quotidien, nous
approchons de la fin d’année comme pour tout le monde, et ici cela se traduit
par des embouteillages encore plus intenses : nous évitons au maximum
d’aller en ville, pourtant à 10km de là (selon le moment de la journée il faut
2h, jeudi dernier nous avons par exemple renoncé en cours de route, hop
demi-tour). Le transport scolaire d’Achille s’adapte en faisant passer un mot pour
signifier que le ramassage se fera encore plus tôt, 5mn cette semaine puis
jusque 20mn la dernière semaine avant les vacances, afin d’éviter d’arriver
trop en retard au collège : départ à 5h55, puis progressivement jusque
5h40. Le record du retour le soir est « seulement » de 18h50 pour le
moment, mais je sens qu’il va bientôt être battu…
L’ironie est que s’est tenu un congrès sur la
route à Ivato, tout prêt de la maison, et que cela a rajouté des
embouteillages.
Pour ceux qui auraient de l’argent (propre) à
investir à Tana, pensez à l'« hélico », il y a un marché à
prendre ;))
Bonnes fêtes de fin d’année à vous tous et à
l’année prochaine !